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POURQUOI ?

 

Pourquoi ? Le dimanche 10 mars, l’avion Addis Abéba – Nairobi s’écrasait peu après son départ. Parmi les passagers (tous décédés) : la fille de mon frère Christian et de son épouse Elisabeth. Mariée à Denis et parents de deux filles de 10 et 11 ans. Terrible épreuve ! Pourquoi ??? Je voudrais émettre quelques réflexions théologiques à ce sujet. A mon sens, à part les problèmes techniques liés à l’avion lui-même (Boeing 737), il n’y a aucune réponse à nos pourquoi.

Il n’y a en tous cas aucune cause théologique : Dieu n’y est pour rien ! Ni une épreuve, genre test, ce qui serait horrible de la part d’un Dieu d’amour. Ni une punition, mais pour qui et pour quoi ? Si le Dieu de Jésus Christ voulait nous punir de quoi que ce soit, on serait tous morts ! Et punir de cette façon, ce serait digne des nazis, c’est une horreur ! La phrase souvent entendue : « qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça ? » n’a aucun sens dans la foi chrétienne. En fait c'est Jésus qui, sur la croix est, on peut dire, mort à notre place. Alors est-ce à cause d’un manque de foi des personnes impliquées, et qui ont peut-être prié pour que Dieu bénisse ce voyage ? Non. Des chrétiens extrêmement convaincus, des «saints», des habitués de la prière, des personnes remplies du Saint Esprit sont parfois, et même souvent victimes d’accidents ou de maladies graves, voire mortelles. Eventuellement Dieu peut répondre à nos prières d’intercession, mais pas systématiquement. Uniquement comme des signes, comme ceux qu’avait accomplis Jésus.

Alors on va rétorquer que ce Dieu qui laisse se produire de telles catastrophes engendrant de telles souffrances, cela parait assez inacceptable. Mais s’il en empêchait seulement quelques-unes, ce serait totalement injuste ! Jésus n’a pas guéri tous les malades qu’il a rencontrés. Nous sommes provisoirement plongés dans un monde que nous croyons créé par Dieu (sans savoir le « comment », bien sûr !). Si nous avons été bénéficiaires de "miracles" dans notre vie, ça arrive, ce sont comme des cadeaux, immérités, mais surtout, comme ceux de Jésus en Palestine, des signes de l'amour de Dieu dont on ne peut être que reconnaissants. Ce monde, ce cosmos, a ses lois. Tout évolue selon des lois que nous ne connaissons qu’en partie : c'est le fonctionnement du monde matériel et du monde vivant. Si une compagnie aérienne installe un nouveau logiciel pour corriger des anomalies de vol, mais que les pilotes connaissent mal, ou pas du tout, ou si d’autres facteurs techniques ont été insuffisamment installés ou expliqués, Dieu n’y est pour rien. Bien sûr quand un accident similaire s’est produit quelques mois auparavant sur un avion de même type et que l’on en n’a pas tenu suffisamment compte, Dieu n’y est pour rien non plus…

Alors que fait Dieu ? Il nous accompagne, en respectant notre liberté. Dans le cas présent, il faut savoir qu’il est là, avec tout son amour de Père et sa compréhension. Il peut tirer de cette terrible catastrophe un renouveau de vie, de foi, d’espérance, et susciter une solidarité remarquable, que l’on a toujours observée dans les catastrophes humaines. Dieu souffre avec les souffrants. Ceci parce qu’il a souffert avec son Fils Jésus agonisant sur la croix. Jésus aussi a poussé ce cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il crie « pourquoi » avec nous. Mais aussi : « Mon Dieu, mon Dieu ! ». Ce recours à la prière dans les moments insoutenables, ce n’est pas une sécurisation à bon marché, comme on nous le reproche parfois. Être chrétien ne « sécurise » pas, et un grand nombre souffrent à cause de leur foi et sont persécutés. Les épreuves ne nous sont pas épargnées, mais Dieu les traverse avec nous, les porte avec nous.

C’est l’histoire de la personne qui rêve et voit défiler toute sa vie. Elle voit la trace de ses pas au long des jours, et, à côté, la trace des pas de Dieu. Mais à certains moments il n’y a plus qu’une trace. La personne se rebelle et accuse Dieu de l’avoir abandonnée justement dans les pires moments d’épreuve. Mais Dieu lui répond : mais non, mon enfant, je te portais. Oui, Dieu nous porte, et nous nous portons les uns les autres, pour supporter l’insupportable.