« Le ciel peut-il nous tomber sur la tête ? »

Conférence que j'ai donnée à la Médiathèque de Calvisson le 17 octobre 2014

 

« On envie l’aérolyte. D’où tombes-tu, morceau de l’inconnu ? Qui t’a formé ? Qui t’a brûlé ? Quelle rencontre as-tu faite ? Quel est ton secret ? Où allais-tu ? Tomber de la haut, quel admirable sort ! Tu n’étais qu’une pierre, tu es un prodige. » Victor Hugo (Le Promontoire des songes, 1864)

Dans les aventures d’Astérix le gaulois, le chef Abraracourcix n’avait qu’une crainte : « que le ciel lui tombe sur la tête, mais, disait-il, ce n’est pas demain la veille ! » – Et bien : Si, c’est possible ! Je ne parlerai pas de grêlons, de coups de foudre ou de chutes de débris d’engins spatiaux, mais de choses beaucoup plus sérieuses… Je ne ferai pas non plus l’historique de la question ! Seulement une simple synthèse.

Il y a quelques temps, le ciel est tombé sur le moulin de Calvisson : une comète, que j'ai pu fixer avec mon appareil photos. Heureusement elle se trouvait près de 200000 km plus loin !

                        Le 23 février 2013 à 9h20 du matin, près de la ville de Tcheliabinsk, au coeur de la Russie une boule de feu a surgi dans le ciel, suivie d’une immense trainée de nuages blancs. Deux minutes plus tard, une énorme explosion brisa des centaines de vitres d’immeubles, déclencha la chute de la neige des toits, enfonça portes et fenêtres et déclencha les alarmes. Il y eût 1600 blessés par contrecoups. L’éclat de cette boule de feu fut 30 fois plus intense que le soleil… Par des calculs savants, on pense que l’objet entrant dans l’atmosphère à 19Km/s a explosé en plusieurs étapes et devait faire environ 19 m et 12.000 tonnes. Des milliers de témoins ont vu le phénomène et filmé de multiples fois ce qui a permis de calculer très exactement ses coordonnées et caractéristiques. Pas de cratère car la plupart des résidus sont tombés dans un lac profond et vaseux. On en a quand même retiré quelques mois plus tard un bloc de 570 kg et une douzaine de fragments.

  

La Russie semble spécialement visée car la médaille d’or revient à l’autre terrible impact du siècle dernier, le 30 juin 1908, dans la toundra, à Tougunska, 1500 km plus à l’est : là, c’est un objet de 40m de diamètre qui a explosé dans la haute atmosphère, (on a évolué à 1000 bombes Hiroshima !). C’est sans doute une comète, car on n’a rien retrouvé au sol. L’onde de choc a eu des conséquences spectaculaires : 2000 km carrés de forêts entièrement détruits, les arbres couchés, rayonnant à partir d’un point central. Le bruit a été entendu jusqu’à 1500 km et la terre a tremblé. Quelques minutes plus tard, et Moscou ou Londres, ou Paris, ou même Calvisson et environs auraient été rasés… !

      

Avec la médaille de bronze du XX° siècle, je cite le phénomène qui a ébranlé l’Alaska le 9 décembre 1997 : un objet évalué à 4 millions de tonnes a explosé dans l’atmosphère, suscitant un énorme panache de fumées visible à 150 km de là

                         Mais depuis le début du XXI° siècle, 26 évènements de ce type ont été recensés, heureusement la plupart au dessus de la mer, qui couvre près des 3/4 du globe. Je pourrais citer des tas d’exemples, tous plus ou moins terrifiants : des voitures et des toits ont été transpercées, un chien est mort, récemment un parachutiste a vu passer à côté de lui une grosse pierre venant du ciel (il l’a vu sur le film de sa caméra emportée !), un enfant a reçu un caillou sur la tête, un autre sur la jambe… et pas mal de cratères d’impacts, plus ou moins vastes, parsèment la Terre. Le 7 septembre dernier un objet d’une vingtaine de m. a frôlé la terre, à 40000 km. A quelques secondes ou minutes près, il nous percutait ! Il avait été décelé seulement une semaine avant ! Certes il n’aurait pas causé la destruction de l’humanité, mais il aurait fait un sérieux cratère, et au cœur d’une ville, imaginez les dégâts ! Mais en une semaine, comment voulez-vous le faire changer d’avis, ou du moins de trajectoire ? J’y reviendrai tout à l’heure. J’arrête les citations catastrophiques, il y en aurait pour une heure, ne serait-ce qu’avec les cas d’être vivants ayant été atteints par ces cailloux voyageurs !

Revenons à l’essentiel : de quoi s’agit-il ? J’aborderai (brièvement) plusieurs points :
 
Le vocabulaire :
« Météore » : c’est simplement un effet visuel (un orage par ex.)

Le projectile céleste lui même est une « météoride ». La plupart sont les « étoiles filantes », simples grains ou petits cailloux qui brûlent en entrant dans l’atmosphère, elles proviennent des déchets laissées par les comètes sur leur trajectoire. Celles-ci recoupent celle de la Terre périodiquement, on peut donc prévoir les chutes les plus importantes. Nous pouvons même voir quelques fusées célestes, certaines appelées « bolides » car très lumineuses et suivies d’une trainée persistante. En août cous avez déjà observé les Perséides. Autour du 17 novembre on peut voir les « Léonides », semblant provenir de la constellation du Lion. On appelle cela le radiant, c’est un peu comme quand en voiture on croise une chute de neige : tous les flocons semblent se précipiter vers vous depuis un point au bout de la route !

      

Ensuite il y a les « météorites » : c’est quand une météoride touche la Terre, il y en a de différents types, ou de fer, ou d’un alliage spécifique fer-nickel, ou de pierre : les chondrites, etc…

Puis viennent, en plus gros, les « astéroïdes », (en forme d’astre, ou petit astre). Ce sont des corps rocheux orbitant autour du soleil. Nous verrons que le système solaire en possède une fabuleuse réserve, entre les orbites de Mars et de Jupiter (au moins un million d’objets !). Il y a même là des « planétoïdes », des sortes de petites planètes, les plus célèbres étant Céres (900km de diamètre) et Vesta (500 km).

Enfin nous avons les « comètes » : leurs orbites, très elliptiques, sont immenses, allant jusqu’aux confins du système solaire. Elles viennent pour la plupart également de deux énormes réserves, après l’orbite de Neptune, la ceinture de Kuiper, et au-delà de Pluton, aux confins du système solaire, le nuage de Oort.

Je signale qu’on trouve aussi sur la Terre des météorites provenant de la Lune, et même de Mars ! J’expliquerai plus loin comment… Mais voyons très rapidement le système solaire et sa formation :

Le système solaire :

Vous le connaissez, je l’illustre brièvement : D’abord je vous rappelle que le Soleil, notre étoile, car c’en est une, est plutôt petit, âgé de plus de 4,5 milliards d’années. Il est 109 fois plus gros que la terre, dont il est distant de 150 millions de km. La lumière met 9 minutes à nous en parvenir. Il est évidemment très chaud : 6000° en surface, 15 millions au centre. Il est formé d’hydrogène (70%) et d’hélium (28%) et par réaction nucléaire (fusion) il transforme l’un en l’autre, produisant lumière et chaleur, heureusement pour nous ! Mais il perd ainsi chaque seconde 4 millions de tonnes de matière ! Il aura disparu dans quelques milliards d’années 
Alors imaginons le Soleil une grosse boule de 1m10 de diamètre. A 45 m nous avons Mercure, un petit pois. Puis Vénus, une bille de 1 cm, à 84m, avec son atmosphère bouillante d’acide sulfurique, et après, la Terre, une autre bille, à 117m, la seule habitable et habitée, mais il y en a peut être d’autres, autour d’autres étoiles, ceci est un autre sujet… Mars, elle, serait une bille de 5mm, à 180m, avec une atmosphère très tenue, puis Jupiter, un pamplemousse de 11cm, à 610m, et Saturne, avec son anneau, une orange de 9cm, à 1120m (Jupiter et Saturne ne sont pas solides, seulement gazeuses).  Enfin Uranus, grosse prune de 4 cm, à 2250m, Neptune, autre prune, à 3350m et Pluton, avec son compagnon Charon, un pruneau à 4600m ! (il fait un tour du soleil en 250 ans !) ; on l’a récemment rebaptisé, réduit à l’état de planétoïde ! Quant à l’étoile la plus proche, elle serait à …37000 km ! Vous savez que la plupart de ces planètes ont leurs propres satellites, comme la Lune pour nous. Une sonde américaine a pu se poser sur Titan, le plus gros satellite de Saturne, une autre a pénétré dans l’atmosphère de Jupiter et s’y est consumée. Mars a reçu plusieurs visiteurs terrestres, des robots extraordinaires ! On parle de plus en plus de voyages habités, on en avait parlé ici même… Quant aux premières sondes américaines, Voyager ou Pionner, elles sont déjà sorties du système solaire, c'est-à-dire quasiment hors de l’attraction de notre étoile. 
 

 

Pour notre propos, il est intéressant de connaître les hypothèses émises pour la formation de notre Système solaire. Je résume énormément ! Il y a 6 milliards d’années (environ !) le soleil n’existait pas, mais il y avait dans ce coin de notre galaxie une espèce de grumeau, parmi des millions d’autres, une sorte de nuage moléculaire. Un évènement a dû rompre son équilibre, peut être l’explosion d’une étoile pas très loin (une supernova)…

L’onde de choc a pu faire en quelque sorte se précipiter cette soupe moléculaire, qui s’est condensée, et peu à peu, par gravitation, le soleil s’est constitué, s’allumant en quelque sorte et commençant sa réaction de fusion nucléaire. Mais tout autour, de la matière tournait, d’après les lois de la physique, et il s’est formé comme un immense disque de gaz et de rocs, un anneau gigantesque, un peu comme celui de Saturne. On en a décelé récemment autour d’étoiles de notre Galaxie.

A partir d’environ 4,6 milliards d’années, toujours par gravitation, des grumeaux s’agglutinent et les proto planètes apparaissent progressivement. Mais autour, c’est un ballet cosmique effrayant, genre machine à laver ! Des milliards de corps plus ou moins rocheux circulent à toute allure dans ce billard, s’entrechoquent, se percutent, percutent les planètes. Il est probable que l’un d’eux, de la taille de la planète Mars, a percuté la jeune Terre encore molle et en a éjecté un gros morceau : ce sera …la Lune ! Au bout d’un milliard d’années tout ça s’est peu à peu calmé, après un dernier sursaut, mais il restait quantité de corps, circulant en général en orbite autour du soleil : les météorides. En particulier entre Mars et Jupiter, il y a cette réserve dont je parlais tout à l’heure, qui correspond peut être à une planète qui aurait raté sa formation ! Mais par les lois de la mécanique céleste (toujours elles !), les orbites de ces petits corps peuvent être modifiées, sous l’influence gravitationnelle d’astres frôlés au passage. C’est d’ailleurs sur ce principe qu’on envoie des sondes vers des planètes ou des comètes, en les faisant rebondir, en quelque sorte, en passant près d’autres planètes ! En fait le gros bombardement a cessé vers 3, 9 milliards d’années, l’âge des premiers fossiles découverts sur notre plancher des vaches…

Alors vous comprenez l’intérêt de l’étude de ces météorites, et mêmes des astéroïdes ou des comètes, car ces corps célestes sont témoins de la formation de notre système solaire ! Le 11 novembre 2014, la sonde Rosetta, qui a été mise cet été avec succès en orbite autour de la comète Chury (Churyumov-Grasimenko, du nom de ses découvreurs), larguera à sa surface le petit robot hyper sophistiqué Philae qui s’y posera en douceur ! Tout ça à 400 millions de km de la terre… Il prendra films et photos, et analysera le sol … si tout marche bien ! C’est la grande aventure actuelle, car on ne sait même pas comment est constitué le sol de cette comète !

   

Déjà récemment les japonais ont posé sur un astéroïde un robot, qui devait prélever du sable et le ramener sur le sol terrestre ! Après pas mal de péripéties, il n’est revenu qu’avec un peu de poussière coincée dans les coins (1543 grains microscopiques !). Plusieurs astéroïdes ont ainsi été visités par des sondes spatiales. Il faut faire attention car ce sont des corps relativement petits et un objet de 50 kg n’y pèsera plus que quelques grammes ! Le moindre mouvement, et il repart dans l’espace ! Alors voyons tout cela un peu plus en détail… ! La sonde Philae est d’ailleurs équipée de grappins, sorte d’ancres, pour la fixer au sol.    Alors voyons tout cela un peu plus en détail :         
                                                                                       
Les différents voyageurs célestes… :

Je commence par : la comète. Pendant longtemps on les a considérées comme des messagères des dieux, porteuses de mauvaises nouvelles et annonçant des catastrophes, en particulier la mort de grands personnages… mais comme on en voit parfois plusieurs par an, on en trouvera toujours une précédant la mort d’un tel grand de ce monde ! C’est, on l’a souvent dit, une sorte de boule de neige sale… On s’est aperçu depuis que c’est un peu plus compliqué et que différents matériaux solides la composent. Vous en avez déjà vu, c’est magnifique.

En général on voit s’échapper du noyau brillant (car éclairé par le soleil), deux grandes trainées : l’une, rectiligne, est constituée de gazs ionisés par la lumière du soleil, et qui est donc dans la direction opposée à celui-ci, soufflée par ce qu’on appelle le vent solaire (la force de son rayonnement, pour simplifier). L’autre queue, recourbée, est formée simplement de grains de matière, un peu comme dans une fusée de feu d’artifice. C’est cette traînée qui donne les étoiles filantes quand la Terre les rencontre, périodiquement. Ces magnifiques chevelures (« coma », cheveu, en latin) peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers de km de long ! Mais même si la Terre en traversait une, nous ne nous en apercevrions même pas (c’est déjà arrivé, au début du siècle dernier, et ça a provoqué de belles paniques à l’avance !). Ces comètes sont dites périodiques, car leurs trajectoires elliptiques tournent autour du Soleil, et elles s’activent à son approche. En effet le rayonnement solaire provoque un dégazage et une perte de matière importants. Plus elles s’en approchent et plus elles sont lumineuses. Mais il ne faut pas trop frôler notre étoile, car elles peuvent s’y abîmer totalement, on l’a observé maintes fois, ne serait-ce qu’au début de cette année, où on nous avait promis « la comète du siècle », Ison, et… on n’a rien vu ! Mais vous avez peut être vu sur internet le déroulement du drame, filmé par le satellite d’observation solaire Soho : elle a disparu derrière le disque de soleil, mais est reparue de l’autre côté complètement rachitique ! Notre astre avait presque tout mangé, ou plutôt grillé !

Le 19 octobre 2014, une comète doit frôler Mars, à 132000 km de sa surface : nous ne la verrons pas mais les robots martiens ne manqueront pas le spectacle qui nous sera retransmis à la télévision, j’espère ! Mais l’événement majeur aura lieu le 12 novembre 2014, quand Philae se posera sur la comète Chury : tous à vos postes de télé ! Vous vous souvenez aussi de la fameuse comète de Halley, que vous avez peut être vue en 1986, assez décevante d’ailleurs… C’est Edmond Halley, en 1705, qui, le premier, démontra la périodicité des passages de cette comète et donc des autres. Déjà en 611 avant notre ère les chinois, fameux astronomes, l’avaient repérée et notée. Et elle repasse autour du Soleil tous les 75 ans. Je pense qu’aucun de nous ne la reverra, le 28 juillet 2061, quoique… ! Et bien en 1986, la sonde européenne Giotto l’a frôlée à 600 km, prenant plein de photos et continuant sa route, très abîmée par les impacts de poussières. Pour l’anecdote, elle est figurée sur la fameuse tapisserie de Bayeux illustrant la conquête normande de l’Angleterre, avec Guillaume le Conquérant, en 1066.

Enfin vous vous souvenez de la magnifique comète Hale Bopp, en 1997, une des plus belles du siècle, qui faisait quand même 60 km de diamètre ! Le problème avec les comètes, c’est que leurs réactions sont assez imprévisibles : on vous annonce la comète du siècle, et le résultat est minable, ou le contraire ! De toutes manières elles vieillissent car à chaque passage près du soleil elles maigrissent ! En tous cas plusieurs peuvent être plus ou moins visibles chaque année. Le mieux est d’avoir une bonne paire de jumelles pour les observer !

C’est donc probablement une comète qui a provoqué la catastrophe de Sibérie en 1908, dont j’ai parlé tout à l’heure. Mais j’ai vu aussi une émission parlant d’un cataclysme terrible qui aurait ravagé toute l’Amérique du Nord il y a 13000 ans, provoquant des incendies sur tout le territoire et décimant une grande partie de la faune et même de l’humanité locale de cette époque (la civilisation Clovis). L’hypothèse émise étant que ce serait dû à l’explosion d’une comète dans l’atmosphère…Beaucoup de signes étayent cette hypothèse, mais ce ne sont pas des preuves, et aucun cratère correspondant n’a été retrouvé

Mais les comètes sont particulièrement nos amies car elles sont, peut être, à l’origine de la vie sur Terre ! En effet elles contiennent beaucoup d’eau et des molécules organiques. Lors de la formation de notre bonne terre, il y eût un bombardement incessant de comètes et d’astéroïdes, et cela a pu donner naissance aux océans et favoriser l’apparition des molécules prébiotiques… Les bolides célestes venant des confins de la Galaxie auraient fécondé la Terre !

Voyons maintenant les astéroïdes et les météorites. La médaille d’or peut être décernée à celle tombée en Namibie pesant 66 tonnes (elle est restée sur place). Le record en France est une météorite de fer de 625 kg tombée à Caille, dans les Alpes Maritimes. Pendant deux siècles elle a servi de banc communal, avant d’être vraiment identifiée en 1828 ! Bon, je pourrais vous raconter des tas d’anecdotes relatives à des chutes de météorites, il y en aurait encore pour une heure ! Je n’en citerai qu’une autre : une météorite estimée à 10 tonnes a pénétré dans l’atmosphère des Etats Unis le 27 mars 2003 à minuit ! Beaucoup ont vu un grand éclair dans le ciel. L’objet explosa en effet et ses débris se sont éparpillés à grands bruits dans une zone de plus de 4000 km2, s’abattant sur des maisons, des voitures, dans les rues… Un morceau de 2,5 kg a traversé le toit et le plafond pour aboutir dans le salon d’une maison à Chicago ! On a pu rapporter à la police (débordée par les appels !) une centaine de cailloux, le plus gros pesant quand même 4 kg. Personne n’en a reçu sur la tête, mais vous voyez que ce n’est pas chose impossible, même si c’est plutôt rarissime !
    

  

Ces météorites proviennent donc pour la plupart de cette fameuse réserve, dite « la ceinture d’astéroïdes », entre Mars et Jupiter. Les plus gros corps, en arrivant sur la terre, forment des cratères. Comme sur la Lune ou Mercure, criblées de trous plus ou moins vastes. On les nomme « astroblèmes ». Ceux-ci sont les cicatrices des impacts produits pour la plupart dans les deux premiers milliards d’années du système solaire. Comme sur ces deux planètes il n’y a aucune atmosphère, pas d’érosion ! Par contre sur la terre (comme sur Mars) celle-ci a fait presque tout disparaitre… sauf quelques cas célèbres. L’atmosphère a le rôle d’un tamis : on retrouve les poussières et petits cailloux qui passent facilement et lentement ; les plus gros cailloux sont ralentis, ou se fragmentent et arrivent parfois en pluie sur le sol. Seuls les gros objets trouent le filet et arrivent à fond sur le sol, ou explosent en vol près de celui-ci. Un objet de plus de 100 m de diamètre sera entièrement brisé, en dessous, on peut retrouver des fragments dispersés, surtout au bord des cratères. Donc nous ne pouvons trouver que deux catégories de chutes : les très petites et les moyennes. Les autres, les très grosses, se volatilisent en l’air ou explosent au sol.

Je ne citerai que quelques exemples : d’abord le fameux « Meteor Crater », en Arizona :

 

1200 m de large et 180 m de profondeur. Il se serait formé il y a 50000 ans. C’est un bloc de 300000 tonnes qui s’est quasiment vaporisé en entrant dans l’atmosphère à plus de 12 km/s. On a retrouvé des grains et quelques morceaux, dont un de 650 kg, autour du cratère. A l’époque, tout a dû être détruit dans un rayon d’une vingtaine de km. Des blocs de calcaire éjectés lors de l’impact ont été retrouvés sur une étendue de 260 km2, ainsi que des roches terrestres totalement vitrifiées sous l’effet de la chaleur de l’impact : les sphérules… On en trouve beaucoup en Lybie, mais je ne vous conseille pas d’aller en chercher en ce moment !

Un autre impact géant d’astéroïde, vous en avez certainement entendu parler, c’est celui qui a dû provoquer l’extinction des dinosaures et une très grande partie de la faune et de la flore mondiales, il y a 65 millions d’années. C’est une hypothèse. Il y a aussi les défenseurs de l’hypothèse volcanique, car effectivement à cette époque il y eût des explosions de volcans géants, comme le super volcan Toba, en Inde, qui ont totalement modifié le climat. Les deux sont peut être liées, ou simultanées… On a retrouvé, en cherchant du pétrole dans le golfe du Mexique, effectivement les traces d’un cratère de 200 km de diamètre, enfoui sous un km de sédiments, et des traces des destructions que cet impact aurait produit alentour. Une partie de ce cratère déborde sur la terre émergée sur la péninsule de Yucatan, à Chicxulub. De plus, sur tout notre globe, on a retrouvé une mince couche de roche presque uniquement extraterrestre, de l’irridium et des magnétites, entre la fin du Crétacé et le début du Tertiaire.

Chers amis, ce scénario s’est produit plusieurs fois au cours de l’histoire de la terre ! Durant les 600 derniers millions d’années, en analysant les fossiles et les couches géologiques, on a dénombré au moins cinq destructions massives semblables ! A la fin du Trias (- 215 millions d’années), 61% des espèces disparaissent ; à la fin du Permien (- 245 ma), 95% des espèces sont supprimées ! Une autre destruction à la fin du Dévonien (- 360 ma), voit disparaitre 72% des espèces, surtout dans les eaux, et à la fin de l’Ordovicien (- 440 ma), un tiers de la faune marine est anéantie… Et pour chacun de ces évènements, sauf ce dernier, le plus ancien, on a retrouvé des astroblèmes énormes, par exemple, pour l’évènement du Dévonien, il y a l’astroblème de Woodleigh, en Australie : un cratère de 120 km de diamètre, correspondant à une météorite d’au moins 5 km ! Plusieurs anciens cratères entre 100 et 200 km ont été décelés sur notre planète bleue…

  

En France il y eût un important impact à Rochechouart, qui a été décelé uniquement par les roches « choquées », vitrifiées et brisées, trouvées dans ce secteur. Beaucoup de bâtiments et de monuments de cette région ont été construits avec. Il s’agissait d’une météorite d’un km et demi de diamètre, éjectant des matériaux jusqu’à 450 km du point de chute ! Il y a 35000 ans, un impact a creusé un cratère de 90 km sur la côte est des Etats Unis, provoquant des destructions massives. Je signale pour la petite histoire locale un petit cratère de 200m, dans l’Héraut, à Cabrerolles, au sud de Bédarieux, abritant en son fond … une vigne dont le cru se nomme : Domaine du Météore !

       

Il faut dire un mot sur de météorites hors du commun : provenant de la planète Mars ou de la Lune. Comment est-ce possible ? Imaginez un formidable impact de météorite sur l’un de ces astres, mais arrivant en tangente, en rase motte. Il va creuser un cratère très allongé, parfois on trouve même une succession de plusieurs cratères. Mais, avec la puissance de l’impact, une certaine quantité de matière plus ou moins pulvérisée de Mars ou de la Lune est éjectée et part dans l’espace. Là ces cailloux peuvent voyager des milliers ou des millions d’années sur des orbites compliquées. De temps en temps certaines de ces pierres arrivent sur terre, comme de vulgaires météorites. On les analyse et on constate que leur constitution est semblable à celle de Mars, ou de la Lune. Le 3 octobre 1962 un brave paysan Nigérien a eu la frayeur de sa vie quand, dans un énorme fracas, un objet est tobé du ciel près de lui dans son champ, dont le souffle le renversa ! Il constata un petit cratère de 60 cm de profondeur avec une pierre noire et chaude au fond ! 18 kg : 1000 euros le gramme ! J'en ai acheté un minuscule bout d'un demi dg. : il vient de la planète Mars ! Vous pourrez acheter de ces météorites variées dans des Bourses aux minéraux comme celle qui se tient chaque année le dernier week end de janvier au Parc des Expositions de Nîmes. Mais …ça coûte très cher !

 

Je signale d’ailleurs que les deux satellites de Mars, Phobos et Deimos, très bizarres, sont sans doute de gros astéroïdes capturés par la gravitation de Mars.                                                                                                                                                                               

Statistiques  et parades :
Une fois par an a lieu un impact de la puissance d’Hiroshima, mais heureusement en général dans la mer ou une région inhabitée ! Chaque année il tombe sur terre entre 5 et 20 objets de plus de 10m, parfois ils se désintègrent avant l’atterrissage… mais au moins un comme celui de Janvier 2013 en Russie.
Il y a d’ailleurs une échelle internationale, dite de Turin, comme pour les séismes ou les tornades : de 0 à 10. Zéro : impact d’un corps de moins de 30m. Dix : pour un corps de plus de 10 km !
Il y a les « objets proches de la Terre » (NEO, en anglais : « Near Earth Objects »). Parmi ceux-ci figurent les « géocroiseurs ». On en dénombre 3 millions… dont 95% font plus de 1 km ! Mais aucun ne croiserait vraiment la Terre dans ce siècle. Alors on les appelle des astéroïdes tueurs... Les plus de 50m, il en tombe réellement un ou deux par siècle. Plus de 100m, un tous les mille ans, plus de 1 km : tous les 300000 ans et plus de 10 km, tous les 100 millions d’années ! Périodiquement on annonce la survenue de l’un d’eux dans nos parages, à telle date, mais ces annonces ont jusqu’à maintenant toujours été contredîtes. C’est en effet assez compliqué, une fois un NEO détecté, de calculer son orbite et ses mensurations ! Mais la détection fonctionne pas mal, car par exemple le 6 octobre 2008 un petit astéroïde de 4m et 80 tonnes est détecté vingt heures avant l’impact terrestre, prévu en Nubie. Effectivement cela fut bien vérifié.

Mais on a pu observer l’approche d’une comète de Jupiter, puis sa désintégration en plusieurs blocs et même les impacts, fantastiques cicatrices sur la planète géante, j’ai même pu les voir avec mon télescope d’amateur !

Alors devant ces parades d’objets identifiés, quelle est notre parade ?!

Il faut d’abord les repérer. Une batterie d’instruments, répartis entre divers pays, scrutent le ciel sans arrêt, détectant le moindre petit point se distinguant sur les photos du ciel, en comparant celles-ci prises à différents instants : si le point a bougé, c’est un OVNI ! Mais une fois qu’on a pris plusieurs clichés à quelques jours d’intervalle par exemple, on peut calculer son orbite, et donc, d’après les lois de la physique, sa masse, et aussi sa constitution, car l’analyse spectrale de ce petit point en détermine la composition chimique ! Alors il devient un OVI ! Ou plutôt, comme je le disais, un NEO. Mais, encore une fois, ces calculs ne sont pas toujours précis… On a ainsi repéré plus de 100000 astéroïdes, dont 10000 numérotés !

Le plus célèbre : Toutatis, qui passe tous les 4 ans près de la Terre ! Il fait près de 4 km, mais en fait il n’est jamais passé à moins de 2 ou 3 millions de km. Seulement chaque fois qu’il frôle la Terre, sa trajectoire peut être légèrement déviée, il faut donc refaire tous les calculs ! Apophis, lui, fait 300m, et on l’a annoncé à une chance sur 37 pour 2029. Seulement après de nouveaux calculs, on pense qu’il ne passera qu’à 420000 km ! Mais son orbite peut aussi de modifier. S’il nous tombe dessus, ce sera l’équivalent de 34000 bombes Hiroshima !

Cependant ces astres sont convoités : ce sont des réservoirs miniers extraordinaires ! De plus ils peuvent servir de base pour des expéditions plus lointaines, sur Mars par exemple. Quant aux comètes ce sont des réservoirs d’hydrocarbures fabuleux ! Nous sommes en pleine science fiction, quoique…
Alors quelle est la parade pour éviter un des astres menaçants, donc un désastre…? En fait ce mot vient de l’italien Dis-Astro : mauvais astre ! Comment donc les combattre ? Il faut d’abord les connaître et vite calculer le mode d’intervention, puis le mettre en action ! Plusieurs méthodes sont préconisées :
Les pulvériser, mais le remède serait pire !
Les faire dévier : c’est compliqué et il y a un problème de délai
Les écorcher, par exemple en les chauffant avec un miroir solaire expédié à proximité !
Les peindre (de mieux en mieux !), pour modifier son pouvoir réfléchissant (albédo)
Leur accrocher une voile, pour que le vent solaire les pousse, mais la difficulté parait insurmontable…
Enfin les remorquer, avec une sorte de sonde spatiale-tracteur (par gravité)

L’Union Européenne doit  faire prochainement une expérience avec l’opération Don Quichotte : envoi de deux sondes, dont une fera un impact sur l’objet pour en analyser l’effet in situ par son compagnon... Il y a même un projet très sérieux de mission humaine. La cible a été désignée : un astéroïde de 8 m sur 12m, qui suit fidèlement la Terre à 12 millions de km. Mais ça coûterait … 10 milliards d’euros ! Bref les recherches sont activement poursuivies, car on s’est rendu compte que, effectivement, le ciel non seulement peut nous tomber sur la tête, mais tombera, un jour ou l’autre, peut être dans un an ou dans dix millions d’années, par une comète ou un astéroïde tueur ! Sans parler du Soleil qui peut manifester quelque crise magnétique, de chaleur ou de refroidissement qui pourrait modifier considérablement notre biotope. Ce qui s’est passé avec l’extinction des dinosaures peut se passer demain.

Je vais vous faire peur : les scientifiques ont pu reconstituer grosso modo la scène d'il y a 65000000 d'années : L’astéroïde de 10 km de large et pesant mille milliards de tonnes pénètre l’atmosphère  à 70000 kmh, la chauffant à 30000°. Puis il tombe sans doute dans l’océan. Mais la composition de l’air change, formant des composés d’oxyde d’azote éminemment toxiques, occasionnant des pluies acides destructrices de la nature. En arrivant dans l’océan, l’air ainsi comprimé et ultra chaud est projeté alentour, l’eau de mer, elle, devient trois fois plus dense et atteint 60000°, se vaporisant instantanément, quant à l’astéroïde, avec ce choc, il s’est brisé et les morceaux heurtent le fond, produisant un séisme inouï, secouant toute notre pauvre planète. Une boule de feu et de matières ignées s’élève et s’étend jusqu’à 2000 km, ravageant tout. C’est alors qu’un tsunami géant de 3000 mètres de haut parcourt la mer à 700 km/h. Ce n’est pas fini, les ondes de choc chauffent l’air à plus de 1500°, et on imagine les ouragans déferlant sur la planète entière. La température de l’eau de mer est totalement chamboulée, se réchauffant en profondeur, et devenant froide en surface. Ensuite, c’est une couverture nuageuse quasiment opaque qui recouvre la planète, l’air porté à 1000° jusqu’à 60 km d’altitude ! Au sol, il fait 300°… Enfin des pluies de scories, d’acide, de poussière, de boue se mettent à recouvrir la planète d’un épais linceul : plus aucun rayon de soleil ne passe, donc plus de photosynthèse… Du coup, avec ce couvercle noir, la température retombe rapidement en dessous de zéro, une couche de neige acide recouvre la terre sur 6 mètres d’épaisseur… Bref, avec tout ça les règne animal et végétal sont au moins pour moitié anéantis. Seuls les mammifères les plus petits, et le plancton proche des pôles subsistent. Tout est à recommencer ! Au bout d’un an, la vie renait peu à peu, avec le fantastique processus de l’évolution… Mais les grands animaux préhistoriques ont disparu, je dirai : heureusement, sinon nous ne serions pas là !

                                    
Conclusion :
                                    
Carpe diem ou : priez ! En tous cas préoccupons-nous de notre écosystème en souffrance et de l’humanité en détresse, c’est urgent, avant le grand choc ! Remarquez que je n’emploie pas le mot galvaudé d’apocalypse, car ce terme issu du grec ne signifie pas catastrophe ultime ou fin du monde mais : « révélation » ! Le célèbre dernier livre de la Bible commence ainsi : « Apocalypse, ou Révélation de Jésus Christ ». Cela n’a rien à voir avec des destructions catastrophiques comme celle que je viens d’évoquer.  Cela annonce simplement la révélation glorieuse du Christ à la fin des temps, et les encouragements pour les croyants en proie aux épreuves diverses et variées et les persécutions, terribles à la fin du premier siècle (et hélas aujourd'hui aussi...). Donc comment tenir le coup et garder espérance !  Ainsi mon modeste exposé était quand même une apocalypse puisque j’ai essayé de vous révéler quelques secrets des objets célestes plus ou moins menaçants. Il faudrait dire un mot sur cette religion vieille comme l’humanité qui se nomme astrologie, et qui n’a rien à voir avec l’astronomie ni aucune science digne de ce nom. En effet les planètes et autres comètes n’ont aucune influence, occulte ou réelle, sur les humains ! A la rigueur la Lune, oui (voyez les marées) et bien sûr le soleil, mais c’est une autre question ! Ensuite il faudrait aussi poser la question, sans la résoudre : est-ce que ces explorations dont j’ai parlé valent « le coût » ? Enfin, deux questions dont je ne parlerai pas ici, mais que je vous laisse en conclusion pour meubler vos insomnies : « Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ? »(Laplace) et enfin : « et Dieu dans tout ça ? »... De bonnes pistes de réflexions se trouvent dans la Bible, mais celaa n'entre pas dans le cadre de cet exposé !

     Bibliographie :                                                            
 
« Astéroïdes : la Terre en danger » de Jean Pierre Luminet (Cherche Midi – 2012)
Les revues mensuelles « Ciel et Espace » et « Sciences et Avenir »
Emissions de télévision sur ce thème

Le WEB…

La plupart des photos sont tirées du web, sauf la première, celle des catères lunaires (la première) et celle de la comète Hale Bopp.

 

                                                                                                    Francis WILLM - Calvisson – Octobre 2014

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