"et Dieu dans tout ça...?"

« UN DIEU PEUT EN CACHER UN AUTRE... »

INTRODUCTION

"Tout ça", c'est moi ! Ma personnalité, ma vie, mes environnements...

J'écris ces quelques pages comme un témoignage. Pour mes descendants, et autres apparentés ou amis. Surtout pour faire ressortir ce qu'il ne faut pas faire, pas croire : ce qui altère nos relations avec Dieu, et par contrecoups, avec les autres. Il y a toutes les idées fausses, voire hérétiques que l'on peut se faire sur Dieu ou la foi. On les glane ici ou là, ou même on se les forge peu à peu. Ces lignes veulent donc être un simple témoignage, positif ou négatif ! Chacun suit son itinéraire spirituel, il ne faut pas se copier les uns les autres, mais s'inspirer des divers témoignages rencontrés dans la vie. Et surtout se pénétrer de ceux de la Bible, qui est faite pour ça ! Elle comporte aussi des exemples positifs, et des négatifs, qui peuvent nous guider dans notre cheminement spirituel, c'est à dire dans nos relations avec Dieu. Le meilleur exemple, parfait, étant bien sûr celui de Jésus, j'y viendrai en conclusion. En tout cas ce n'est pas un traité de théologie... Ce ne sont pas non plus mes « mémoires », car celle-ci a toujours été déficiente, et avec l'âge cela ne s'arrange pas ! Je vais donc revenir sur mon itinéraire spirituel, en quelque sorte, qui me parait intéressant, car il a considérablement évolué au cours du temps. Ce ne sera pas très détaillé, d'ailleurs les détails n'intéresseraient personne ! Les passages en italique seront plutôt de simples explications personnelles, un peu théologiques...

la Bible

En lisant la Bible, on peut constater que les relations des hommes et des femmes de l'histoire avec Dieu sont extrêmement variées. Il y a eu des champions de la foi, ces grands témoins bibliques qui ont marqué l'histoire du peuple d'Israël ou de l'Eglise primitive. Il y a eu aussi tous les croyants plus ou moins anonymes, mais dont la foi et la vie spirituelle sont souvent soulignées. Il y a aussi des douteurs, des renégats, des rebelles, des chercheurs... Quand on lit la Bible avec ces lunettes-là, c'est passionnant ! Ce n'est plus tellement une révélation qui tombe d'En Haut, comme un bloc. C'est la quête des hommes, d'un Dieu qu'ils pressentent différent de toutes les autres divinités des religions ambiantes, dans l'Ancien (ou Premier) Testament. Ils ont perçu des images de Dieu fort variées, souvent étonnantes, ou même choquantes, scandaleuses même, parfois empruntées aux autres religions. Mais peu à peu leur représentation du Dieu unique s'est précisée. Ils ont compris, surtout grâce aux prophètes, que Dieu est un Dieu d'amour, qui a une passion pour ses créatures, et en particulier pour ce petit peuple qu'il s'est choisi comme témoin : Israël. Il faut souligner aussi que Dieu lui même s'est fait mystérieusement connaître à des hommes et des femmes des récits bibliques. Aujourd'hui encore certains ont le privilège de recevoir de Lui, d'une manière ou d'une autre, un appel ou une révélation. Quand le Premier Testament a été plus ou moins terminé, deux ou trois siècles avant Jésus Christ, la relation de ces croyants avec leur Dieu avait considérablement évolué, et continuait d'ailleurs... La foi au Dieu unique, en tous cas, était bien établie. En même temps l'attente d'un Sauveur, d'un Messie, s'est de plus en plus précisée, dans des expressions variées : soit un Messie puissant, militaire même, qui chasserait les envahisseurs, soit un Messie humble et souffrant, se sacrifiant pour les siens, apportant la paix. Et bien c'est le chemin choisi par Dieu : venir en notre humanité, dans cet homme d'Israël, Jésus. Jésus est l'homme véritable, c'est pourquoi nous verrons en conclusion quelles étaient ses relations à Dieu. Et il est aussi image parfaite de Dieu, donc amour total, don et pardon. La croix résume en elle même cet amour de Dieu pour l'humanité. Les croyants, donc les chrétiens, l'ont interprétée de manières diverses, nous le voyons dans les livres de Second Testament. Mais tous voient en Jésus, mort et ressuscité, la démonstration parfaite de l'amour de Dieu, donc notre libération, et notre réconciliation avec Lui. L'Esprit de Dieu conduira ensuite les chrétiens dans leur témoignage et leur mission. Mais, comme dans la Bible le peuple d'Israël s'est maintes fois éloigné de Dieu et n'en a fait qu'à sa tête, l'Eglise aussi a perdu les pédales et est souvent tombée dans différents panneaux : l'enrichissement, la violence, le dogmatisme, les divisions, le sectarisme... et j'en passe beaucoup ! Et les relations des chrétiens avec leur Dieu, à travers le monde, et même dans une simple paroisse, sont extrêmement diverses.

Alors qu'en fut-il pour moi ? Avant de cheminer ensemble sur ma route tortueuse, on peut se poser une question : qui est Dieu ? De deux choses l'une : ou on essaye, tant bien que mal, de vivre en relation avec Dieu, mais quel Dieu ? Ou on pense qu'il n'y a pas de Dieu transcendant (athéisme), ou alors qu'il y a quelque chose, comme disent beaucoup de gens, mais on n'en sait rien et on vit sans (agnosticisme), ou comme s'il n'y avait rien... C'est important, dans la vie, de se pencher de temps en temps sur cette question, d'y réfléchir en toute sincérité, voire d'en discuter avec quelqu'un. Les « remises en question » sont toujours profitables, utiles, c'est ce que j'ai aussi expérimenté. D'autre part on sera étonnés parfois, à la lecture de ces lignes, de mes états d'esprit (ou d'Esprit), voire de mes états d'âme ! On ne reconnaîtra peut être pas, à certains moments de ma vie, le Francis que l'on croyait connaître ! C'est pourquoi, c'est vrai, un dieu (celui que nous imaginons ou que nous prions) peut en cacher un Autre (le vrai, mais qui est-Il ?). De même un Francis, celui qui est apparent, peut en cacher un autre (le vrai, mais qui est-il?) ! Comment s'y retrouver ? Pour moi, de même que je suis sûr d'exister, Dieu est d'une certaine manière une évidence et l'a quasiment toujours été. Mais que de questions ! Où sont les réponses ? Ne disons pas trop vite : la Bible a réponse à tout ! C'est trop facile et elle n'est pas un livre de recettes, c'est le livre de la vie, et des relations entre l'homme et Dieu. Mais quand même, moi, je suis loin d'avoir toutes les réponses aux multiples questions existentielles, voire théologiques, que l'on peut se poser... Allez, en route !

 

 

 

Le contexte familial

Je suis né dans une famille chrétienne et, comme Obélix, je suis donc « tombé dans la marmite » dès le départ de cette grande aventure de la vie (sauf que ce n'est pas une "potion magiques" !). Mon papa, Frédéric, ou Eric pour les intimes, était fils de pasteur de l'Eglise Réformée de France (décédé prématurément d'une thyphoïde). Ma maman, Evelyne, était à l'origine baptiste. Donc je dirais que papa était plutôt de théologie « libérale », comme son père, et maman plutôt « évangélique ». Mais ils s'aimaient beaucoup et, c'est important pour mon propos, ils étaient tous deux pieux (surtout maman!). Ils priaient ensemble tous les soirs et lisaient leur Bible ensemble : je les entendais murmurer doucement (mais c'est tout !). Tous les dimanches, quasiment sans exception, ils allaient au culte au temple d'Argenteuil, et y amenaient leurs enfants. Papa a été longtemps conseiller presbytéral de sa paroisse, et maman a beaucoup milité dans les Missions. L'ambiance à la maison était en général paisible, sauf quand papa piquait ses colères ! Il y avait souvent de la musique (classique), soit à la radio, soit avec des amis ou parents musiciens. Maman avait une voix de soprano magnifique et jouait du violon, papa jouait du piano, ce que d'ailleurs nous avons fait, les cinq enfants.

mes parents

J'ai donc deux frères et deux soeurs, qui ont tous suivi ces mêmes influences, mais ont progressé ensuite dans des directions spirituelles quelque peu différentes, ce qui est normal, et une bonne chose ! Hélène, l'aînée, avait, comme elle disait, sa croyance personnelle (certains pouvaient la croire agnostique, mais au fond je sais qu'elle était croyante ...à sa manière !). Elle est hélas décédée il y a dix ans. Son mari, Max, était aussi d'une famille très protestante et était, je pense, très croyant. Il est lui aussi décédé, deux ans après Hélène. Pierre, le second, a toujours été très pieux, engagé dans l'Eglise, mais je le crois plutôt libéral. Comme son épouse, Jacqueline, soeur de Max. Edith a eu et a toujours une vie spirituelle tumultueuse, qu'on pourrait qualifier de mystique. Après s'être convertie au catholicisme (peut être pour embêter les parents ?!), elle participe au renouveau charismatique, dont je parlerai plus loin. Son mari, Yves, avec lequel elle a divorcé, était également d'une famille très protestante ("HSP" !), je l'aimais beaucoup et l'appréciais. A la fin de sa vie, il disait ne plus croire, mais... Enfin Christian, qui a quand même huit ans de plus que moi, a toujours été très pudique sur sa foi, mais fut aussi conseiller presbytéral dans ses vieux jours ! Son épouse, Elisabeth, est très catho., suivant des cours à la Faculté de Théologie catholique de Paris ! Mais, sur ce plan là du moins, je crois qu'ils se sont toujours bien entendus. Quant aux enfants et petits enfants de tout ce monde, je n'en parlerai pas en détail, mais disons que les trois quarts sont plus ou moins athées ou agnostiques ! Je souligne que tous ces membres de ma famille, malgré les dispersions dues à la vie moderne, vivent en très bonne entente.

Tout ça pour préciser mon environnement familial et dire que j'en suis extrêmement reconnaissant. Je dois dire que maman m'a fortement influencé, je dirai plutôt guidé, sur le plan spirituel, alors que papa, c'était surtout sur le plan scientifique et technique, et même artistique ! Je leur suis très reconnaissant à tous deux. Je n'ai pas parlé de l'influence de mes grands parents, que je n'ai pas ou peu connus, sauf mon grand père maternel, qui habitait à cent mètres de chez nous. Par contre une vieille tante, tante Margot, m'a pas mal influencé, surtout sur le plan moral, quand j'avais l'occasion de la voir ! Nous sommes tous influencés, d'une manière ou d'une autre, par telle ou telle personne de la famille ou de l'environnement immédiat... En positif ou en négatif d'ailleurs ! Cela peut expliquer bien des comportements ou convictions actuelles. En tous cas l'expérience, et le bon sens, m'ont appris que rien n'est figé, heureusement. Sur le plan spirituel, comme sur les autres : tout peut arriver ! Et quoiqu'il arrive, Dieu nous aime !

 

les 5 enfants et leurs conjoints, sauf le mari d'Edith (divorcés) - Hélène et son mari Max sont décédés

L'enfance

Je suis d'avant guerre : 24 juin1938 ! Je n'ai pas été baptisé enfant, ni « présenté ». Mais mes parents m'ont dit qu'avant chacune des cinq conceptions de leurs enfants, ils s'étaient confiés à Dieu ! Alors nous sommes tous bénis, dès la première seconde de notre existence ! Je ne blague pas, je crois que c'est important de confier au Seigneur toutes nos actions, surtout les plus importantes ! Je vous avoue que Colette et moi, nous prions et remercions Dieu plutôt ...après ! Bref, dès le départ je sais que j'ai été, comme mes frères et soeurs, entouré des prières de mes parents. Cela ne veut pas dire qu'il ne devrait rien nous arriver, comme si c'était un vaccin (beaucoup considèrent un peu ainsi le baptême !). Mais mes parents savaient que leurs enfants seraient accompagnés par Dieu, dans les jours heureux comme dans les épreuves.

Mes souvenirs les plus lointains remontent au début de la guerre, quand papa (capitaine) est parti prisonnier en Allemagne, et est revenu un an après. Nous étions donc restés seuls avec maman, qui s'est fort bien débrouillée pour nous nourrir. Ensuite mes parents n'ont pas voulu me mettre à l'école à cause des dangers dus à la guerre (ça tapait pas mal à Argenteuil, mais je ne veux pas dans ces lignes raconter mes souvenirs de guerre !). C'est maman qui m'a fait l'école jusqu'à la fin des hostilités, en 1945. C'est dire l'intimité que j'ai eu avec elle. Alors que mes frères et soeurs, beaucoup plus âgés, étaient accaparés par leurs études. Ils ne se sont pas beaucoup occupés de moi. Hélène et Pierre, les deux aînés, sont partis de la maison pendant la guerre. Mais Edith était assez proche de moi et nous avions une certaine complicité. Par contre je crois que j'étais plutôt gênant pour Christian, surtout que nous dormions dans la même chambre, alors qu'il était dans les classes préparatoires ! Il disait que j'étais pourri, ce qui était un peu vrai, étant le petit dernier... Rassurez-vous, nos rapports se sont tout à fait adoucis plus tard et nous nous aimons beaucoup !

mon père, jeune capitaine !

Donc ce sont maman et Edith qui m'ont peu à peu familiarisé avec Dieu. Maman venait tous les soirs au bord de mon lit faire la prière, puis lire un bout de Bible ou raconter une histoire, je ne me souviens plus très bien. C'était un rite, fort agréable, ma foi (!). Cela m'a sûrement marqué, voire déterminé, dans mon cheminement spirituel. Oh, c'étaient des prières archi simples, naïves même, confiant « ceux que j' aime » au Seigneur, ainsi que les petites choses de la vie, et remerciant Jésus pour sa présence. Au bout de quelques années, elle m'a laissé « faire ma prière » seul ; et bien j'ai gardé cette habitude jusqu'à aujourd'hui (sauf que depuis notre mariage, je la fais avec Colette) ! C'est bizarre : je me dis parfois que si j'avais été élevé dans une famille musulmane, j'aurais été mis au Coran, si c'était dans une famille africaine animiste, j'aurais appris à manipuler quelques grigris, si c'était dans une famille hindouiste, j'aurai fait connaissance avec la multitude de divinités, en particulier celles veillant sur la maison... Si j'avais été dans une famille athée, je n'aurais rien reçu de spirituel... Mais voilà ! C'est d'ailleurs un grand mystère... C'est pourquoi je suis infiniment reconnaissant à ma mère en particulier, et pour tout cet environnement familial et spirituel. Avant tous les repas en famille, papa faisait une prière, exactement la même, sur le même ton monocorde: « Seigneur veuille bénir ces aliments que nous allons prendre, et rends-nous reconnaissants pour tous tes bienfaits. Amen » ! Un détail amusant : quand je piquais des colères (j'étais assez coléreux, comme papa !), maman me disait : « va dans la pièce à côté, ferme la porte et demande à Jésus de venir dans ton coeur » ; et bien ça marchait !

Edith, elle, m'aimait bien et s'occupait de moi. Au point de vue spirituel, je me souviens qu'à une période on allait ensemble au temple d'Argenteuil, moi à l'Ecole du dimanche, elle au catéchisme, Ce fut très important aussi pour moi, cette « instruction religieuse ». Donc ce fut d'abord l'Ecole du Dimanche, jusqu'à 12 ans, dans ce temple, mignonne construction de style anglais. On chantait, on se séparait dans des petits groupes, où l'on étudiait un passage biblique dicté par le programme de l'année. On avait d'ailleurs un carnet de notes (sur six, travail et conduite!) en plus du cahier. Ensuite on se rassemblait, filles à droite, garçons à gauche, pour la « leçon générale », sorte de conclusion sur le thème. Elle était donnée à l'époque par Marcel S., très doué pour cet exercice ! Je ne me souviens pas tellement des pasteurs, plusieurs se sont succédés en quelques années, après le décès du pasteur Neel, et avant l'arrivée du pasteur Georges C., ancien prêtre, "mon pasteur". Mais j'aimais beaucoup cette Ecole du Dimanche. Elle était d'ailleurs suivie par le culte, au même endroit, auquel j'assistais souvent avec mes parents. J'avoue que je ne me souviens plus du tout si je m'y plaisais ou si je trouvais cela rasoir (comme souvent par la suite, hélas, je le confesse !). J'ajoute que j'ai fait un an de scoutisme, suivi d'un camp de louveteaux, et ça me plaisait bien, mais ensuite il n'y avait pas assez de chefs sur Argenteuil. J'en profite pour dire que le scoutisme est une école de vie remarquable, et, à l'époque en tous cas, une occasion de découvrir l'Evangile. J'ajoute que nous avons eu une grosse épreuve familiale, en 1947, quand papa a eu une terrible crise d'appendicite, doublée d'une péritonite : il a bien failli y rester. Je le mentionne car ce fut l'occasion de découvrir la prière d'intercession de manière très précise. Dieu merci, il s'en est sorti !

le temple d'Argenteuil (photo internet)

Je pense que la réaction qui s'impose est de dire : mon pauvre Francis, tu as été complètement conditionné, imprimé ! Je ne crois pas. Je dirais que j'ai été « orienté ». Dans une même famille, comme dans celle de Colette aussi par exemple, tous les enfants ont été ainsi « façonnés » dans une même direction spirituelle, mais ensuite chacun se détermine librement : quatre sur cinq dans ma famille, trois sur quatre dans celle de Colette, et comme je le montrerai dans ces pages, rien n'est définitif : un croyant va peut être tout lâcher, et un athée peut découvrir la foi, même sur ses vieux jours ! De toutes façons Dieu les aime tous ! Donc on peut en rester au point actuel, spirituellement, mais je pense que l'avenir peut réserver bien des surprises ! J'ai appris à lire, à écrire, à vivre avec une certaine éthique, à aimer la nature, les étoiles, la musique, la montagne, et bien des personnes que je viens de mentionner, brièvement, m'ont donné aussi envie de connaître et d'aimer Dieu, de vivre avec Lui. Le témoignage de vie de mes parents a été bien sûr déterminant, même si tout n'était pas toujours parfait ! Et peu à peu s'est forgée la dimension spirituelle dans ma vie. C'est une « dimension », au sens physique presque, essentielle de la vie, mais il est bon de la développer, la mettre en valeur, car elle est en général comme enkystée. C'est la « cinquième dimension » !

Alors que j'étais pré-ado, il y eût un événement familial curieux, qui m'a marqué : un jour une gitane sonna chez nous et proposa à maman des broderies. Maman, toujours bonne poire, en acheta une, et la dame lui proposa alors de lire les lignes de sa main ! Maman, en bonne chrétienne, refusa énergiquement... Alors la visiteuse lui déclara en substance que le 23 octobre (nous étions en septembre) un événement important surviendrait dans sa vie et qu'elle recevrait une importante somme d'argent et qu'une personne habitant au bout du boulevard lui causerait des ennuis, ou lui voudrait du mal, je ne sais plus. Maman nous raconta ça puis on n'y pensa plus. Cependant le dimanche 23 octobre ma tante Mady vint nous visiter, pour voir, disait-elle, ce qui allait se passer ! Du coup mon grand père, habitant au bout du boulevard, vint aussi passer la journée, pour voir ! La journée s'écoula jusqu'au soir et là : crise cardiaque de mon grand père qui meurt sur le coup, je le revois encore, allongé sur le divan du salon... Stupéfaction de tous, et tristesse, bien sûr ! On réalisa plus tard qu'effectivement une certaine somme de l'héritage revint à maman, et qu'une de ses belles sœurs, atteinte d'un cancer, était devenue fort désagréable avec elle : elle habitait avec mon oncle …chez mon grand père au bout du boulevard ! Sans commentaire...

Mais moi, avec quel Dieu me suis-je ainsi peu à peu familiarisé, dans ces dix ou douze premières années ? C'est un peu, je pense, « un grand papa gâteaux », comme on disait ! Un père, oui, mais aussi un confident, pas encore un copain, je crois que j'en avais aussi un peu peur, et cela se précisera plus tard. La première lecture de la Bible était bien sûr, à l'époque, plutôt fondamentaliste, voire littérale, et je ne me posais aucune question, par exemple sur l'origine et la formation des textes etc... A cet âge, en ce temps-là, on prenait tout comme c'est écrit et on se régalait avec toutes ces histoires bibliques. Les enfants d'aujourd'hui sont très différents ! En plus on nous intéressait à la vie de l'Eglise, de la paroisse, avec des fêtes, des rencontres diverses. C'était pour moi comme une grande famille. Nous étions en particulier sensibilisés à la Mission : invitation de « missionnaires » qui montraient des photos (« des projections lumineuses »!), avec des récits fantastiques de l'évangélisation dans les forêts africaines ! Nous, les enfants, récoltions même des sous pour la Société des Missions Evangéliques de Paris, avec les fameuses cartes à piquer (quelques francs par trou sur un dessin approprié), ça marchait très bien ! J'étais d'autant plus sensibilisé à cet aspect de la vie de l'Eglise, car mon oncle Charles B., pasteur luthérien à la paroisse Saint Jean, à Paris, était parti avec son épouse Mady, soeur de maman, au Cameroun, plusieurs années de suite. On peut dire que j'avais déjà une petite notion de l'Eglise Universelle !

notre "planète bleue" (photo internet)

L'adolescence

Cette période souvent tumultueuse s'est déroulée somme toute relativement calmement ! Je reste ici dans le domaine spirituel. Il y a eu le catéchisme, avec le pasteur Chappon, que j'appréciais beaucoup, et je crois que c'était réciproque. A l'époque, le pasteur dictait carrément son cours aux enfants ! Moi, ça m'intéressait, mais plusieurs autres s'en fichaient. Cela se voyait à l'examen de fin d'année (mais oui!). J'étais ami avec un garçon, fils de pasteur, Jean Claude N.. Plus tard il s'est d'ailleurs destiné à la théologie. Nous avions quelques discussions intéressantes. Sinon, mon seul ami vraiment très proche, c'était mon cousin Philippe, dit Philippo pour ne pas le confondre avec son père ! De deux ans et demi plus âgé que moi, et habitant à cent mètres, chez mon grand-père, nous nous voyions souvent et jouions ensemble. Mais Philippo s'est toujours dit plus ou moins incroyant. Enfin c'est difficile à dire car il était très pudique sur ce sujet ; Pourtant quand je lui avais dit que je voulais être pasteur, il m'avait répondu que j'avais choisi la bonne voie ; Je n'ai quasiment jamais eu de camarade fille ! De plus en ce temps-là les études se faisaient sexes séparés ! J'allais au lycée Condorcet à Paris, mais là non plus je n'ai pas eu de copains véritables.

 

Alors que j'étais pré-ado, il y eût un événement familial curieux, qui m'a marqué : un jour une gitane sonna chez nous et proposa à maman des broderies. Maman, toujours bonne poire, en acheta une, et la dame lui proposa alors de lire les lignes de sa main ! Maman, en bonne chrétienne, refusa énergiquement... Alors la visiteuse lui déclara en substance que le 23 octobre (nous étions en septembre) un événement important surviendrait dans sa vie et qu'elle recevrait une importante somme d'argent et qu'une personne habitant au bout du boulevard lui causerait des ennuis, ou lui voudrait du mal, je ne sais plus. Maman nous raconta ça puis on n'y pensa plus. Cependant le dimanche 23 octobre ma tante Mady vint nous visiter, pour voir, disait-elle, ce qui allait se passer ! Du coup mon grand père, habitant au bout du boulevard, vint aussi passer la journée, pour voir ! La journée s'écoula jusqu'au soir et là : crise cardiaque de mon grand père qui meurt sur le coup, je le revois encore, allongé sur le divan du salon... Stupéfaction de tous, et tristesse, bien sûr ! On réalisa plus tard qu'effectivement une certaine somme de l'héritage revint à maman, et qu'une de ses belles sœurs, atteinte d'un cancer, était devenue fort désagréable avec elle : elle habitait avec mon oncle …chez mon grand père au bout du boulevard ! Sans commentaire...

Alors que devenait Dieu pour moi à cette période ? J'ai dit qu'il me faisait un peu peur ! C'est vrai : je m'étais imaginé qu'il punissait nos incartades. J'avais eu une éducation assez moralisante et du coup, comme je n'étais pas parfait (curieux, n'est-ce pas ?), j'étais en constante inquiétude et culpabilité ! C'est une hérésie ! Combattue d'ailleurs par Jésus lui-même dans les Evangiles : la plupart de ses contemporains juifs pensaient effectivement que si quelqu'un était malade par exemple, c'est qu'il avait commis quelque péché ! Vous pensez bien que si Dieu voulait ainsi nous punir, il n'y aurait plus grand monde sur terre, ou que des malades et des estropiés ! Et puis imaginons que j'ai fait une bêtise, forcément, comme il nous arrive toujours des choses plus ou moins désagréables, il en surviendra une quelques temps après : c'est alors facile de dire : c'est Dieu qui me punit !Avec le recul, je me demande comment j'ai pu vivre et m'égarer ainsi. Heureusement que je n'étais quand même pas un grand pécheur devant l'Eternel ! Je continuais à aimer le Seigneur, à faire ma prière tous les soirs et à lire ma Bible assez régulièrement, de même qu'à aller au culte avec mes parents, même en vacances à la montagne, à Chamonix. Après les trois ans de catéchisme, il y avait la cérémonie de Confirmation. Il s'agit de confirmer les engagements pris au moment du baptême, par les parents, parrain et marraine.

près de Calvisson, après une bonne pluie !

Moi je n'avais donc pas été baptisé petit. Mon pasteur (ancien prêtre), ne devait pas avoir l'habitude des baptêmes d'adulte, car il m'a baptisé une semaine avant la confirmation, au cours de la retraite préparatoire. Donc en l'absence de la famille, et même de la communauté paroissiale, ce qui est une hérésie ! Moi je ne m'en doutais pas et j'ai pris ce baptême très sérieusement, comme un engagement personnel dans la foi. Ce fut important pour moi. Mais il manquait le sens de l'entrée dans l'Eglise comme membre actif avec quand même aussi un petit rassemblement familial ! Je n'ai d'ailleurs pas de parrain et c'est Hélène, ma soeur aînée, qui fut ma marraine. Normalement quand un catéchumène n'a pas été baptisé enfant, simplement, le jour des « confirmations, au lieu de celle-ci, il reçoit le baptême, à côté de ses camarades. Mais je n'entrerai pas ici dans le débat « baptême d'enfants - baptême d'adultes » ! Les plus « évangéliques » me demanderont : « mais alors, quand t'es-tu converti ? » Et bien je n'en sais rien ! Tellement mes liens avec Dieu se sont affirmés progressivement. Peut être justement le jour de mon baptême, qui a marqué pour moi un véritable engagement.
Déçu par les prédications de mon pasteur, à la fin de mon adolescence, j'allais assez souvent le dimanche au culte à Paris, à l'Oratoire du Louvre, écouter de fameux prédicateurs ( Vidal, Loriol ). Cela me changeait de la petite communauté vieillissante d'Argenteuil. Cependant, mon pasteur m'a d'abord demandé d'être moniteur à l'Ecole du Dimanche, puis, plus âgé, moniteur général, pour succéder à Marcel S. Cela me plaisait beaucoup et je crois que les enfants m'appréciaient. Et puis il y a eu le groupe de jeunes, que j'ai lancé sur la paroisse, et qui me donnait bien des satisfactions ...et des tracas ! Nous préparions des spectacles pour les fêtes de paroisse, et avions aussi des discussions diverses et variées. Il y avait aussi le petit groupe de théâtre, avec Daniel, d'une autre paroisse, et nous préparions des spectacles pour évangéliser. Et puis on m'a demandé de jouer de l'harmonium non seulement à l'Ecole du Dimanche, mais aussi au culte !

Pensais-je déjà devenir pasteur ? Et bien non ! C'est vrai que cela m'était venu plusieurs fois à l'esprit, mais j'avais repoussé l'idée vigoureusement : on me disait souvent que je ne savais pas parler, que l'on ne comprenait rien quand je m'exprimais ; de plus j'étais (et suis toujours) d'une timidité presque maladive ; enfin j'étais un scientifique, pas un littéraire. A long terme, je pensais d'abord devenir météorologue, puis astronome, ou astrophysicien. C'est pourquoi après le bac (j'ai redoublé terminale) j'ai fait maths sup. et maths spéciales et ai présenté le concours de l'Ecole Centrale (comme papa ! Mes deux frères, eux, ont fait Polytechnique...). Mais pas question de faire théologie ! On peut très bien servir Dieu dans un métier quelconque (ça, je l'ai toujours pensé). Deux ou trois fois j'avais entendu, au culte, des prédications qui m'avaient sérieusement remué et remis en question, du moins avaient remis cette question en actualité ! Mais : pas question ! Et ce refus me satisfaisait totalement...

quand j'étais jeune !

 

Donc je continuais à être pieux, mais, curieusement, c'est Edith qui a ébranlé ma foi dans ces années compliquées, entre 15 et 18 ans environ. Elle était attirée par l'ésotérisme et m'avait passé des bouquins qui sentaient le soufre : « La clé », « Votre pensée peut tout » ! Je me suis intéressé, alors, à la radiesthésie et des trucs comme ça. Catastrophe ! Je crois que j'en suis sorti rapidement, sans faire trop de dégâts, mais j'en garde un mauvais souvenir. Par exemple, c'est idiot, mais en classe je faisais des prières secrètes pour demander de ne pas être interrogé ! surtout, à ne pas refaire ! Bon, ça peut montrer une certaine intimité avec Dieu qui, j'en suis sûr, nous pardonne ce genre de bêtise, mais le plus grave c'est que j'ai associé cela avec de la suggestion, croyant que ma pensée pouvait influencer mon prof ! Sacrée soeur, elle a bien failli me faire dérailler complètement ! Après quelques échecs cuisants, je me suis orienté, toujours sous son influence, vers le « Réarmement Moral », issu des « Groupes d'Oxford ». C'est beaucoup plus sérieux et positif mais, comme son nom l'indique, très moralisant ! Il s'agit de se placer devant Dieu chaque matin, sous l'éclairage de quatre critères : « amour absolu, honnêteté absolue, pureté absolue, désintéressement absolu ». C'est pas de la tarte ! J'ai essayé, mais comme j'étais déjà assez moraliste, je me suis vite découragé. Cependant ce mouvement, qui a considérablement évolué, fait du bon travail dans le monde. Je n'en parlerai pas plus !

Vers 15 ou 16 ans, je ne me souviens plus, j'ai commencé à participer à des camps de jeunes, de ski en particulier. D'abord avec la « Fédé » lycéenne (Fédération des lycéens, ou étudiants, chrétiens), puis l'Alliance des Equipes Unionistes, toujours centrés sur la foi et la Bible. Je pense qu'ils ont contribué à renforcer, ouvrir et purifier ma foi, me rapprocher des autres, des jeunes en particulier. Et puis, plus tard, c'est moi qui ai préparé et animé de tels camps. Je voudrais ajouter que j'avais le souci de parler de Dieu aux autres, et, vu ma timidité, c'était un gros problème, qui me rendait malheureux ! Par exemple dans d'autres camps de ski, deux années de suite, à Pâques, avec quelques jeunes dans un chalet à Saint Gervais, ou dans un camp UCPA à Serre Chevalier. Mais j'étais en général considéré comme un dinosaure ! J'essayais quand même d'y lire ma Bible tous les soirs devant les autres, étonnés ou critiques ! J'ai aussi participé activement à une chorale, à Paris, « Cantate Domino » : comme son nom l'indique, c'était un groupe chrétien qui travaillait des chants religieux, mais aussi profanes. Nous donnions des soirées, qui avaient pour premier but d'annoncer l'Evangile, et nous avons fait des camps d'évangélisation, en particulier à Lacq, dans les cités nouvelles érigées au milieu des énormes raffineries. C'était impressionnant et notre message était bien reçu. Une parenthèse pour dire que dans ces camps variés, j'étais toujours attiré par une fille en particulier, parmi les autres ! Alors bien sûr je ne disais rien et ne faisais rien, mais j'en faisais un sujet de prière :

« Seigneur, si c'est celle que tu penses être la bonne pour moi, fais que les choses s'arrangent, que l'attirance soit réciproque, qu'on arrive à se revoir facilement etc... Sinon, que ça tombe à l'eau tout simplement, avec plein d'obstacles pour empêcher de prochains contacts ! » J'avoue humblement que Dieu a toujours exaucé, dans le sens négatif, ces prières un peu naïves ! Jusqu'à la rencontre avec Colette ! J'avais dit à Dieu, grosso modo : "Je ne veux pas chercher de femme, je crois que Toi tu sais qu'elle est la meilleure pour moi, et je te demande simplement de me l'indiquer, au temps opportun »... Je dois dire que les études me rendaient malheureux. Je n'étais pas un crack, et j'ai été assez malade (appendicite) quand j'étais en quatrième. J'avais souvent mal au dos ou à lestomac... Je n'étais vraiment heureux que dans ces activités de jeunes, de camps ou de paroisse, et en vacances, aux Houches, dans la vallée de Chamonix. Les courses de haute montagne, en famille, étaient le summum du bonheur, et j'en ai fait pas mal avec Philippo, mes frères ou des amis ! Je ne savais pas bien louer Dieu, mais ces expéditions étaient en elles mêmes une louange, dans la nature magnifique. Pendant cette période, je me confiais souvent à ma grande soeur Hélène (15 ans de plus que moi !), surtout quand ils ont vécu au Dahomey, je lui écrivais souvent.

... une de mes passions

Je préférais lui raconter mes affaires à elle plutôt qu'à mes parents, même si sur le plan spirituel nous n'étions guère en accord ! D'ailleurs, et c'était une source de culpabilisation, mes parents m'énervaient passablement ! Ce qui est normal à l'adolescence... Heureusement jamais les deux en même temps, et pas pour les mêmes raisons. J'en ai fait aussi un sujet de prière, et je sais que Dieu m'a permis de tenir sans « péter un câble » ! Comme je n'arrivais pas à me guérir de ma timidité, mes parents m'avaient inscrit à un truc par correspondance : la méthode Borg. C'est de l'escroquerie ! Ils faisaient payer une somme importante et se bornaient à donner des conseils de respiration ou d'autosuggestion ! De plus ils étaient censés améliorer ma mémoire, mais par des trucs mnémotechniques qui n'ont jamais marché ! Dans ma correspondance je leur disais que j'avais la foi, que c'était très important pour moi, alors ils me répondaient : « dîtes : avec l'aide de Dieu, je fais ceci ou cela » (il fallait positiver à fond !). A ce propos je me suis toujours méfié de cette expression : « aide-toi, le Ciel t'aidera » ! Dieu n'est pas une roue de secours ! C'est le moteur, par son Esprit, du moins ça devrait l'être...

Voilà donc comment s'est déroulée, spirituellement toujours, ma jeunesse jusque vers 20 ans. Vous comprenez que si je raconte tout ça ce n'est pas pour faire étalage de mes états d'âme ou d'esprit, mais pour réfléchir avec vous, qui que vous soyez, athée ou très croyant, voire d'une autre religion. Réfléchir à notre relation personnelle avec Dieu. Ceci à partir de ma propre expérience, qui n'a rien d'extraordinaire en soi, mais l'est pour moi, bien sûr ! Car dans cette relation possible, il y a un élément de réflexion, raisonnable, mais aussi une expérience de vie. C'est comme l'amour : personne ne peut nier que quand on est amoureux, il faut quand même réfléchir, l'amour ne tue pas la raison, et vice versa. Mais l'amour est aussi une expérience existentielle, difficile sinon impossible à expliquer : pourquoi j'aime telle personne, pour quelles raisons précises ? Impossible à les définir ! Donc ces lignes sont une réflexion de l'intelligence sur une expérience vécue, dans le domaine spirituel.

Car je crois que nous avons tous comme un « récepteur », dans notre cerveau, qui nous permet de communiquer avec le spirituel. Pour certains cela peut se traduire par une certaine médiumnité... Ce n'est pas mon cas ! Pour d'autres, ce « récepteur » permet une certaine communication avec Dieu. C'est notre « esprit ». C'est lui qui entraîne le sentiment religieux : se relier à l'invisible, au transcendant, au spirituel, quel qu'il soit. Toutes les religions, depuis les plus primitives, essaient de se rapprocher de la divinité, pressentie par l'esprit humain. Les chemins sont fort variés, les résultats on ne peut plus divers... Comme disait Théodore Monod à ses accompagnateurs musulmans, dans le désert : « nous gravissons tous une montagne, vers le même sommet, mais par des chemins différents ! ». Moi je dis : Dieu reconnaîtra les siens ! Peut être tous, c'est son problème ! Pour moi j'ai trouvé un chemin, et un guide, et je m'y tiens, jusqu'à maintenant, avec des hauts et des bas. Je dis tout de suite qu'en fait, le mouvement est double : l'homme cherche à « monter » vers Dieu, mais la Bible nous apprend qu'en fait c'est Dieu qui est venu, « descendu » vers l'humanité, même en son sein. Il s'est « révélé », et cette révélation a eu son sommet en Jésus Christ. Bon, j'arrête cette digression théologique !

rando en Chartreuse, près de chez Christelle : la montagne, autre passion !

 

 

L'appel

Dans les classes préparatoires aux grandes Ecoles, on n'a guère le temps de faire autre chose, ou alors triées sur le volet ! J'ai voulu continuer à m'occuper du groupe de jeunes et de la paroisse. Ce n'était pas très raisonnable ! Du coup je n'étais pas très fort... J'étais toujours assez « pieux », c'est dire gardant une relation à Dieu un peu enfantine... Mais dans ces années-là, jamais je n'ai songé à devenir pasteur, cela m'était sorti de l'idée ! Servir le Seigneur dans la vie ordinaire puis dans son métier, très bien. J'étais axé dans une direction : l'astronomie, et, grâce à un ami astronome, j'ai pu effectuer deux séjours de 15 jours à l'Observatoire de Haute Provence, avec Monsieur Charles F., son directeur, protestant aussi, avec lequel j'ai gardé des liens amicaux, jusqu'à son décès dernièrement. Même à l'OHP, j'essayais de parler de Dieu à l'un ou l'autre : les longues nuits derrière un instrument facilitent les conversations intimes !

A propos de ciel, j'ai toujours eu beaucoup de plaisir à l'observer, c'est magnifique, et beaucoup plus varié que vous pouvez le penser ! Mais combien de fois je me suis dit : « et Dieu dans tout ça ? » « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » (Leibniz), et des questions métaphysiques de ce genre... Aujourd'hui encore, bien sûr ! A des moments on est saisi comme d'un vertige : et si Dieu n'existait pas ? Comme on le constate chez une bonne partie des astrophysiciens, on peut montrer, sinon démontrer (mais il y a toujours des failles...) que le cosmos a pu se créer tout seul ! D'autres affirment qu'il y a une « téléonomie », c'est-à-dire qu'il doit y avoir un Créateur qui a lancé tout ça ! D'autres pensent que ce Créateur est intervenu et intervient toujours dans le cosmos pour en somme guider l'évolution... Je ne parle pas des créationnistes, qui prennent la Genèse au pied de la lettre ! C'est inepte ! Donc, je vous l'avoue, de temps à autre je me pose de grandes questions existentielles. C'est ce qu'on appelle le doute. C'est la grande tentation, celle mentionnée dans le Notre Père : pas les petites tentations relatives à la morale, mais celle qui consiste à éliminer Dieu, ou se mettre à sa place. C'est la tentation d'Eve dans le fameux récit si génialement imagé de Genèse 2. Je crois qu'effectivement il vaut mieux demander à Dieu de nous éviter ce genre de doute fondamental (sur le fondement). Ce doute, à mon point de vue, est l'ennemi de la foi. Alors que les autres sont plutôt des questions, des remises en question, des questionnements, légitimes et pouvant même être utiles. Et croyez que, comme tout un chacun, j'en ai une foule dans ma tête !

 

Donc j'en étais là, redoublant maths spé. Cette fois au lycée Chaptal. Je n'étais pas épanoui, au point, je l'ai su ensuite, que mes parents s'en étaient confiés à tante Alice, la soeur de papa, médecin au Cambodge. D'ailleurs cette tante a eu aussi une excellente influence spirituelle et morale sur moi. Elle était très pieuse, et avait eu pas mal d'épreuves dans sa vie. Mais elle m'a dit une fois : « il y a un mot que j'ai banni de ma pensée et de mon vocabulaire : regretter, ce qui n'exclut pas le repentir, bien sûr ! » Depuis j'ai essayé de le mettre aussi en pratique, mais ce n'est pas facile ! Et ma tante a répondu, après avoir eu connaissance de ma vocation pastorale : « Et bien c'est ça qui devait le tracasser ! » Peut être... Bref, un dimanche soir de mars 1959, je me suis couché tôt, fatigué car la veille j'étais allé à une fête organisée par les anciens du camp de ski de Noël. C'était super et je m'étais couché très tard. Donc, crevé, à moitié endormi, j'ai lu machinalement mon passage biblique et son petit commentaire, comme chaque soir, suivi d'une petite prière, et hop, dans les bras de Morphée ! Mais non ! J'ai relu le passage en question et son commentaire, puis re-relu ! Jusqu'à ce que cela me réveille complètement ! Qu'est-ce qui m'arrive ? Le passage biblique était celui-ci : « Le Royaume des Cieux est encore semblable, dit Jésus, à un trésor caché dans un champ. L'homme qui l'a trouvé le cache (de nouveau) ; et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il a et achète ce champ » (Matthieu 13, v.44). Le commentaire lié au texte explicitait simplement l'histoire. Alors une pensée s'est comme imposée à moi : et bien voilà, tu vas tout laisser et te consacrer au service du Seigneur... ! Quelle révolution ! Comme j'étais quand même épuisé, je me suis endormi en me disant que je réfléchirais le lendemain. Mais c'est que le matin, cette pensée s'est vraiment fixée dans ma tête, comme une obsession, et ne m'a pas quitté de la journée, ni des jours suivants. J'ai donc discerné dans cette aventure un appel de Dieu, direct, par l'intermédiaire de la Bible.

dans l'exercice de mes fonctions !

A ce propos, c'est dans ce sens qu'on peut dire que la Bible est la Parole de Dieu. Non pas qu'elle soit tombée du ciel, mais Dieu peut nous parler à travers ces textes anciens qui, je le crois, ont été mystérieusement inspirés à leurs auteurs, dans leur contexte, leur environnement et leur style. C'est pourquoi les études bibliques sont non seulement très utiles, mais passionnantes. On appelle cela aujourd'hui « la critique des textes », c'est à dire leur étude plus ou moins technique. On peut lire aussi la Bible, je ne le nie pas, au premier degré, et recevoir un texte directement, sans le décortiquer ! Mais attention au « fondamentalisme », voire au « littéralisme », qui peut conduire à des absurdités, comme les créationnistes, dont j'ai déjà parlé. Cette attitude induit des positions figées, souvent intolérantes, voire fanatiques. Mais la critique textuelle a aussi ses excès, mettant tout en question, et même en doute, pouvant conduire à un libéralisme outrancier. Moi, je pense que je suis « libéral », dans le sens que j'admets les idées et conceptions des autres, et n'aime pas les dogmes figés et les idées tranchées. Mais je suis aussi un peu « fondamentaliste », c'est à dire que pour moi la Bible est vraiment le fondement de ma foi et la référence unique de l'Eglise. Malheureusement le mot a pris un autre sens, voisin d'intégriste ou même de terroriste !

Alors ensuite il a fallu mettre ma décision (car je l'avais vraiment prise, au fond de moi) à l'épreuve des avis des autres. Maman d'abord, qui a été ravie, et soulagée, disant qu'elle priait pour ça depuis des années ! Papa ensuite, plus circonspect, attendant de voir se préciser la chose et exigeant que je termine mon année d'études, et me présente au concours de l'Ecole Centrale, ce qui ne m'enchantait guère ! Mon pasteur ensuite, confirmant totalement l'appel ! J'en ai parlé aussi à mon oncle Charly, le frère de papa, prof de philo, mais qui avait fait ses études de théologie. Même confirmation. Un peu plus tard il m'a donné des conseils de lecture et prêté des bouquins de philo. Mon ami Jean Claude, qui faisait ses études de théologie, s'était noyé l'année d'avant et cela m'avait beaucoup perturbé, comme vous l'imaginez. Je suis allé voir sa mère, femme remarquable, veuve de pasteur, et lui ai dit que pour moi, cet appel me donnait l'occasion de remplacer en quelque sorte Jean Claude... On m'a ensuite conseillé de me remettre au grec, de m'initier à l'hébreu et lire quelques livres de théologie pour me mettre au diapason de ce nouveau style d'études. Papa s'est rendu à l'évidence qu'effectivement c'était assez sage. J'ai donc quitté le lycée. Je dois dire qu'ensuite, toutes les personnes à qui j'en ai parlé s'en sont réjouies et m'ont encouragé, et les camarades de classe étaient plutôt étonnés, mais compréhensifs, voire admiratifs ! Je suis alors entré dans une période assez euphorique. Ce fut comme une libération intérieure, une nouvelle vie qui commençait ! Ma relation à Dieu s'est du coup approfondie, devenant moins simpliste, plus ouverte aussi sur le monde. L'engagement dans le groupe de jeunes paroissial s'est plus concrétisé, surtout que j'avais beaucoup plus de temps disponible ! Et, avec une équipe, les « Baladins », nous avons préparé un camp d'évangélisation à Rodez, pour l'été.

 

Les études et l'amour...

Voilà donc deux tournants de grande importance dans ma vie spirituelle. Mais le troisième n'allait pas tarder à me tomber dessus ! Ce camp avait lieu à Rodez, et nous donnions « le Mystère de la Passion », d'Arnold Gréban, le soir, sur les places publiques, dans la ville et des villages environnants. Pour inviter les habitants, nous allions dans la journée, deux par deux, sonner dans les maisons et donner un tract. Le premier jour je me suis trouvé « par hasard » avec Colette. Elle avait remplacé sa soeur Monique pour faire la cuisine au camp (Monique avait raté son bac.!). Sans que je puisse l'expliquer, je me trouvais bien avec elle... Chaque jour on nous conseillait de changer de partenaire. Et bien je ne sais plus quels ont été mes arguments, mais j'ai réussi à rester à chaque fois avec Colette ! Plus le temps passait ...plus mon coeur battait ! Bien sûr je priais pour connaître la volonté de Dieu dans cette affaire, comme chaque fois. Je n'ai pas eu de réponse directe, évidemment, mais ma conviction se faisait de plus en plus pressante. Mais je n'ai rien dit, et encore moins fait ! Cela a failli, plusieurs fois, mais... rien n'est sorti de ma bouche ! Le dernier soir, dans le dortoir, un garçon m'a dit : « oh, je te verrais bien marié avec Colette » ! Plus le temps a passé, et plus la conviction que ...c'était elle l'heureuse élue, s'imposait ! La prière à ce sujet trouvait un écho apaisant. Alors au mois d'octobre, comme nous correspondions (elle habitait Montpellier), je me suis lancé et lui ai déclaré timidement ma flamme... Réponse discrète, mais positive ! Alléluia !

retrouvailles au camp de ski, à Freissinières

Colette était et est toujours très pieuse, fille d'un pasteur très engagé dans l'évangélisation, Idebert E.. Chez ses parents, la prière du soir était paramétrée comme du papier à musique ! Chacun priait, ou disait simplement Amen, mais toujours dans le même ordre, par âge décroissant. Quand je suis arrivé dans la famille, j'y ai pris ma place normalement ! Quand Colette me racontait ses expériences spirituelles ou de service (auprès de sans logis ou de gitans), cela me remuait considérablement, au point d'être sur le point de pleurer, constatant que moi je ne faisais ...rien, ou presque ! Alors la description du milieu familial et ecclésial de Colette fut un argument fameux pour mes parents ! D'abord maman, bien entendu, qui avait confiance en moi ...et en Dieu, et a accepté, même avec joie (elle avait repéré le manège des lettres!). Papa, je l'ai prévenu après le camp de ski de Noël qui m'avait permis de retrouver Colette. Il a bien été obligé d'accepter, mais a déclaré : « d'abord finis tes études de théologie, et fais ton service militaire » ! Cela aurait dû faire six ou sept ans ! Mais j'étais prêt à tout... (comme Jacob avec Rachel, sauf que là on ne m'a pas donné Monique pour patienter !!). Heureusement que le papa de Colette a réussi à convaincre le mien qu'il valait mieux nous marier et être heureux que de traîner comme ça des années, séparés par 700 km !

 

Donc nous avons attendu deux ans ...seulement. Et quand j'écris « attendre », c'est vraiment attendre, comme cela se faisait à l'époque ! Mais nous avons eu des fiançailles heureuses et bénies, avec juste le handicap de la distance. Quand nous nous revoyions, aux vacances, nous priions ensemble et discutions beaucoup théologie... et politique. Moi j'étais plutôt de droite, comme mes parents, et elle de gauche, comme les siens ! Elle a eu le dessus ! On s'est pas mal disputés aussi pendant ces deux ans, par lettres ! On s'est fait même pleurer, il y a eu des incompréhensions, des énervements, mais je suis sûr que c'est le Seigneur qui a remédié à ces faiblesses et a renforcé de jour en jour notre amour. Moi j'étais plutôt coléreux (comme mon père), et elle boudeuse (comme sa mère!). Mais peu à peu, je crois que nous nous sommes améliorés ...jusqu'à aujourd'hui : mais c'est l'oeuvre du Saint Esprit ! C'est aussi le Seigneur, j'en suis sûr, lui que vraiment nous avions mis dans le coup de notre relation, qui a permis que nous restions « sages » pendant ces deux ans, sans aucun sentiment de frustration. Je ne dis pas que tous les jeunes doivent faire pareil, mais pour nous, c'était notre choix, parfaitement assumé. Et nous nous sommes mariés, au temple de Montpellier, le 8 juillet 1961. Magnifique journée. La papa de Colette avait présidé la cérémonie et avait pris comme texte biblique : « Abraham partit sans savoir où il allait ». C'est effectivement l'aventure que nous avons vécue. Après le mariage, j'ai continué les études de théologie une année à Paris, où nous habitions dans le presbytère de Créteil, en échange de s'occuper de la paroisse, surtout des enfants. Je gagnais quelques sous en donnant des cours de maths de l'autre côté de Paris, à l'Ecole préparatoire de Théologie de Saint Germain (pour des étudiants désirant devenir pasteur, mais n'ayant pas le bac). Colette continuait tant bien que mal ses études de médecine, tout en préparant aussi... la naissance d'Olivier ! Ce ne fut pas une année très facile. Puis, pour la dernière année de théologie, nous avons habité à Montpellier, dans une petite maison sise dans le jardin de mes beaux parents.

notre mariage à Montpellier, et le pasteur Idebert Exbrayat, père de Colette

 

Ces deux événements que je viens de raconter brièvement ne signifient pas qu'il y a un destin, ou une destinée. Dans le sens par exemple où les événements de notre vie, ou notre caractère, seraient inscrits dans les astres, ou dans la tête d'un Dieu tout puissant qui a tout prévu d'avance ! Ce sont les religions païennes qui prônent cela. C'est pourquoi la Bible s'y oppose formellement, et parfois violemment, comme à toutes formes de divination, car celles-ci traduisent un manque de confiance en Dieu, et copient les religions païennes ! Non, le croyant vit et avance dans la confiance en son Dieu, comme dans le couple par exemple, car il y a beaucoup de similitudes entre la foi et l'amour... Je pense par contre que Dieu sait ce qui convient à chacun de ses enfants, il a en quelque sorte une « visée » pour chacun de nous, en tous cas pour ceux qui ont confiance en Lui. A chacun de la discerner et d'essayer de marcher dans ce chemin proposé. J'avoue que ce n'est pas toujours facile ou évident ! Mais si on s'en écarte, on peut toujours y revenir.

Les quatre années d'études de théologie ont vite passé (trois à Paris, dont la dernière en étant donc mariés et étudiants tous les deux (année aussi de la naissance d'Olivier) et une à Montpellier. Je dois dire que c'est à la fois passionnant, j'ai découvert quantité de choses, mais c'est aussi décapant pour la foi ! Découvrir les vicissitudes, pour ne pas dire les vices de l'histoire de l'Église, faire de l'exégèse critique des textes bibliques, étudier leur formation, leur transmission, etc... ça bouleverse pas mal d'idées reçues et a ébranlé fortement mon fondamentalisme primaire juvénile ! Mais, passés les premiers chocs, cette étude des textes est devenue au contraire extrêmement intéressante, et je me suis vite familiarisé avec cette nouvelle façon de lire et d'étudier la Bible. Par contre je trouvais les cours de « dogmatique » et d'histoire assez rasoirs... Je dois avouer que je n'ai jamais été un super théologien ! Avec Colette, notre relation à Dieu restait assez fidèle. A notre tour, nous avons appris à nos enfants à faire leur prière du soir, je ne sais pas s'ils ont persévéré, c'est leur histoire personnelle, et les protestants ont toujours été très pudiques sur ce sujet ! J'aimais bien prêcher. Je me souviens que la première fois, à Argenteuil, avant même de commencer la théologie, j'avais présidé un culte et mon sermon avait duré ...35 minutes ! Heureusement qu'à la Fac. de théo. on apprend aussi à prêcher ! Et j'ai vite pris la réputation de mettre un peu d'humour dans mes prédications ! J'en profite pour signaler que ma devise a toujours été : « amour et humour » !

qu'ils étaient mignons !

A la fin de ces études, on soutient sa thèse (pour moi, c'était sur les témoignages des objecteurs de conscience, ceux qui refusent la violence, ou la guerre, ou le service militaire, même l'uniforme). Puis il y a le « proposannat », sorte de stage en paroisse, pendant un an. Pour moi il a duré six mois, car auparavant j'avais fait le « service civil », par le ministère de la coopération, en Côte d'Ivoire. J'hésitais à être aussi objecteur de conscience. Mon beau frère Mikaël, le mari de Monique, n'a pas hésité et a fait trois ans comme pompier ! Le papa de Colette, lui, au moment de la guerre d'Algérie, avait refusé de porter les armes et était donc infirmier. Cette année en Côte d'Ivoire, comme enseignant au lycée protestant de Dabou, a été très enrichissante. Cette ouverture sur un monde tellement différent, et attachant, nous a marqués profondément, Colette et moi. Mais comme c'était la première année où ce service par la coopération existait, j'ai dû faire un mois de caserne avant, et quelques mois après ! Pendant cette dernière période, Colette habitait au Centre de Rééducation Fonctionnelle du Grau du Roi, où je pouvais la rejoindre de temps en temps (...en faisant parfois le mur!). L'expérience militaire est aussi assez formatrice, par le côtoiement de garçons de toutes origines sociales. Là aussi, au dortoir, j'essayais de lire ma Bible et prier régulièrement... J'ai profité de cette période pour me faire opérer des varices, à l'hôpital du Val de Grâce. Une anecdote : j'ai failli y rester, après l'opération, car j'avais « avalé ma langue », et c'est mon voisin de lit, qui, me voyant tout bleu, à appelé l'infirmière. Mais j'ai fait un début (hélas que le début !) d'une NDE, et, quelques secondes, je me suis retrouvé planant au plafond du dortoir ! J'avais attribué cela à l'anesthésiant, et c'est des années plus tard que j'ai appris l'existence, assez fréquente, de ces personnes qui vivent une expérience bouleversante, en état de mort apparente.

 

J'en parle ici car au point de vue spirituel, c'est troublant, la plupart faisant à peu près le même « voyage » : un tunnel, puis une lumière pleine d'amour et de paix, parfois des paroles entendues, des morts reconnus etc... Il y a trois explications : soit c'est dans la chimie du cerveau, à ces moments critiques, qu'il se passe des choses étranges, qui ont des similitudes avec les effets hallucinogènes de certaines drogues ; soit c'est un état particulier de la « conscience », détachée du corps ; soit c'est un peu une fenêtre ouverte sur « le Royaume de Dieu », ou ce qu'on appelle souvent « le Ciel » (j'y mets toujours une majuscule : c'est le monde spirituel, invisible). Je n'ai pas résolu le problème (personne, d'ailleurs!). Pas plus que la question, qui me passionne, au point de vue scientifique, du fameux « Suaire de Turin », qui pourrait être celui qui a recouvert Jésus dans le tombeau... .Enfin je ferme ces parenthèses troublantes !

 

Colette ...jeune !

 

La vie active...

Mon « proposannat » s'est donc déroulé dans une paroisse de Marseille, avec le pasteur Philippe B., que j'appréciais beaucoup. Colette avait fini sa médecine, et a accouché en avril de Christelle. Je découvrais de plus près le ministère pastoral et m'y sentais très heureux. Je m'occupais déjà beaucoup des jeunes. Mais alors nouveau dilemme : Nous nous sentions appelés à retourner en Afrique, cette fois comme « missionnaires » (on devait dire « envoyés », ça veut dire la même chose, mais ça fait moins colonialiste!). C'était devenu un peu une idée fixe. Médecin plus pasteur, ce serait formidable ! On a prié, bien sûr, dans ce sens et nous avons pensé que c'était la volonté de Dieu. Premier obstacle, qui nous a fortement ébranlés, surtout Colette : la Société des Missions de Paris nous a déclaré qu'ils n'avaient pas de poste double, pasteur et médecin, disponible ! La douche froide ! Comme on tenait vraiment à partir, on m'a donné la priorité, comme pasteur donc, et nous sommes partis (en bateau!) au Gabon, dans la forêt d'abord, à Oyem, puis sur la côte, à Port Gentil. Colette a bricolé, faisant de l'éducation sanitaire et des petits trucs comme ça. Et moi, au bout de quelques mois à Oyem, je me suis senti mal à l'aise, j'avais l'impression de perdre mon temps, de n'avoir pas grand chose à faire... Il y avait un évangéliste africain sur place, habitant près de chez nous, qui faisait le travail pastoral. Alors moi aussi j'ai bricolé, faisant un peu de formation etc... Quand même, une semaine m'a passionné : évangélisation avec un groupe de jeunes et un pasteur gabonais dans un coin un peu perdu du Gabon, à Medouneu, en plein pays soumis à la religion syncrétiste, le « bouiti », dont les offices sont basés sur l'absorption d'une plante hallucinogène, l'iboga... Impressionnant ! Au cours d'une séance de guérison à laquelle nous avons partiellement assisté, on nous a proposé d'en manger, mais bien sûr nous avons refusé ! Cependant au bout d'un an nous avons demandé au président de l'Eglise de nous changer de place. Il nous a donc affectés à Port Gentil. Je n'y faisais pas grand chose non plus : catéchèse, études bibliques, groupe de jeunes, mais il y avait sur place un excellent pasteur gabonais qui avait un ministère fructueux. Que de questions ! Bien sûr le séjour africain était intéressant, pour connaître ce monde et ces amis si différents à bien des égards. Donc à ce point de vue ce fut une expérience positive que nous ne regrettons pas. Et nous étions toujours « pieux » ! Dans mes moments perdus j'ai commencé à écrire un livre (!), sorte de recueil de lectures bibliques avec un petit commentaire pour chaque jour de l'année. Je le destinais à mon filleul Joël. Mais ce projet n'a jamais abouti...

 

Je dois signaler qu'avant de partir au Gabon, nous nous étions engagés tous les deux comme « compagnons » de la Communauté de Pomeyrol. C'est une douzaine de soeurs protestantes, vivant un ministère d'accueil et de prière dans une magnifique propriété près de Tarascon. Elles ont un rythme de quatre offices par jour, simples et assez courts. Un petit livre les résume et permet de les suivre depuis notre lieu de vie. Nous nous sommes dit, avant de partir en Afrique, que ce serait une bonne chose d'être soutenus par la prière de cette communauté, et nous aussi, de pouvoir les « accompagner » de loin. Nous y sommes restés fidèles jusqu'à aujourd'hui. Et bien cet accompagnement et ce rythme de prière nous ont vraiment soutenus tout ce temps, et depuis aussi. Nous habitions, au Gabon, près d'une infirmière française qui a été touchée par ce style de prière et est devenue ensuite... diaconesse de Reuilly (une autre communauté de soeurs protestantes, plus engagée dans le domaine des soins). Avant de partir, j'avais aussi demandé à l'Eglise Réformée de me « consacrer » comme pasteur (ou « ordonner », aujourd'hui on appelle cela une « reconnaissance de ministère »). C'était très important pour nous, un point de départ, avec le Seigneur, dans cette aventure du service de Dieu, à plein temps dans l'Eglise. Cette cérémonie s'est déroulée à Argenteuil, la ville de mon enfance et de ma jeunesse.

 

dans la chapelle de la Communauté de Pomeyrol

 

Donc au Gabon, Colette avait fini par demander au gouvernement gabonais un poste de médecin, dans un hôpital. Les démarches ont été longues et fastidieuses. Nous en faisions aussi un sujet de prière ! Je précise : pas pour demander qu'il soit fait selon nos désirs, mais selon la volonté de Dieu, qui sait ce qui est le meilleur pour ses enfants, et a souvent bien du mal à réparer nos erreurs ou bêtises ! Finalement, elle a reçu l'avis favorable de l'Etat gabonais : elle fut nommée à l'hôpital de Port Gentil, où nous étions donc depuis quelques temps. Un fameux matin, joie, Colette a pu partir travailler ! Mais patatras, malaise, fièvre, douleurs, elle tombe malade le jour même ! Et pas n'importe quoi : une hépatite E ! Hospitalisation, débrouille pour s'occuper des enfants, et profonde réflexion existentielle ! Pourquoi donc ça ? D'autant plus qu'un dimanche après midi Colette a failli passer dans l'Autre Monde, dans cet hôpital désert... Puis rapatriement d'urgence, avec les deux enfants, dans un voyage mémorable avec une fièvre terrible ! Arrivée en France, chez ses parents : rechute ! Conclusion de la Société des Missions : pas question de repartir en Afrique ! J'y suis donc resté seul quelques semaines, puis je suis rentré aussi... Cette aventure nous a posé bien des questions : peut être nous étions-nous trompés, ce n'était pas du tout la volonté de Dieu (mais de toutes façons Il nous laisse libre de faire nos expériences !). Je le crois, aujourd'hui, personnellement. Le séjour en Côte d'Ivoire nous avait plu, l'aventure nous tentait, alors nous avions voulu partir, mais... Il y a eu quand même des clins d'oeil : le fait qu'il n'y ait pas de poste double, et que cela nous ait beaucoup affectés, était un signe, n'est-ce pas ? Nous ne l'avons pas interprété ainsi... Bref, expérience intéressante, mais aussi édifiante ! Nous sommes reconnaissants au Seigneur de nous avoir tirés de ce mauvais pas ! Néanmoins nous gardons une certaine nostalgie de l'Afrique et de ses habitants (surtout ceux de la brousse) et nous avons eu du plaisir à y retourner vingt cinq ans plus tard, autre aventure qui a aussi failli tourner au drame (voir plus loin...) !

belle route au Gabon, près de Medouneu (photo internet)

 

Après ces exploits, et le rétablissement de Colette, nous avons demandé à l'Eglise Réformée de nous indiquer un poste pastoral. Et Colette (bien « soumise »!) s'est dit qu'elle trouverait peut être ensuite un poste médical sur place... Donc nouveau carrefour de chemins possibles, nouveaux choix. L'ERF nous a d'abord soumis deux ou trois postes, où nous sommes allés en reconnaissance : mais on ne les "sentait" pas ! Encore une fois nous avions mis Dieu dans le coup, surtout qu'il s'agissait encore directement de son service. Dieu ne nous parle pas par haut parleur ou par téléphone ! C'est plutôt intuitif, en particulier dans la prière. Ces intuitions demandent à être confirmées : par d'autres personnes, par l'environnement, quelque événement, éventuellement quelques « signes ». C'est tout un travail de déchiffrage qui demande quand même une certaine confiance en Dieu  ...et de la patience ! Finalement on nous a proposé Briançon, avec la moitié du département des Hautes Alpes à desservir ! Nouveau dilemme : vais-je accepter ...parce que j'aime énormément la montagne ? Mais d'autre part ce milieu sain pouvait aider Colette à se remettre bien sur pieds (le bon prétexte!). Nous avons accepté. Le problème était que le presbytère était dans la vallée de Freissinières, belle vallée ayant servi de refuge aux « vaudois », et encore très protestante. Seulement l'école, située derrière le presbytère, n'avait plus assez d'enfants, même avec les deux nôtres, et devait fermer... Nous avons demandé à habiter Briançon. C'était donc en juillet 1967. Nous y sommes restés dix ans, riches en expériences, surtout spirituelles, c'est ce qui nous intéresse ici 

une de mes passions...

Les renouveaux ...

Alors j'ai évolué spirituellement dans une direction qui peut surprendre ! Bien sûr, c'était la période « soixante-huitarde », avec le bouillonnement d'idées qui lui est lié. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai commencé à m'intéresser aux nouveaux courants théologiques : les exégèses hyper critiques, voire « structuralistes », les théologies dites de « la mort de Dieu », les courants voulant transformer l'Eglise de fond en comble, etc... La mort de Dieu ne voulait en général pas dire qu'on voulait tuer Dieu (!), mais que le Dieu auquel s'étaient habitués les Eglises, n'avait plus aucun impact sur l'homme moderne et la société, qu'il était comme mort. Il fallait accepter un Dieu caché, hors du monde, à la limite, et l'homme majeur, autonome, affranchi du Père... Je me suis mis à lire des livres dans ce sens (« Dieu sans Dieu », « la mort de Dieu », de Vahanian, les lettres de prison de Bonhoeffer, « la nouvelle Réforme » etc...). Ce qui comptait, dans ma prédication et dans la catéchèse, c'était le service des autres, du prochain, Dieu dans les pauvres, l'amour... Si bien qu'une fois une fille du groupe de jeunes m'a dit : « on se demande parfois si tu y crois... » ! J'avoue que cela m'a fait un choc ! Simultanément la vie familiale et conjugale n'était pas simple, Colette travaillant beaucoup, en cliniques, et moi souvent parti dans les vallées, ça aurait pu craquer... Ce petit esprit révolutionnaire a duré quelques années, au point que j'avais songé à un moment quitter le ministère pastoral, me remettre par exemple à l'enseignement, ou je ne sais quoi (Ou aller à la pêche, car ...pêcher, c'est prêcher sans en avoir l'r !)... Nous y avons réfléchi sérieusement... mais je dois dire que durant toute cette période nous avons gardé notre petit culte quotidien, et la liturgie de Pomeyrol. Même si Dieu paraissait plus lointain, il n'était pas complètement ...mort ! En fait je ne regrette pas cette période, qui m'a ouvert l'esprit, sauf le temps perdu à dire ou annoncer des âneries, en tous cas pas l'essentiel.

Et puis il va y avoir un nouveau tournant spirituel ! Surprise sur prise (par Dieu !). Alors que j'étais dans cet état d'esprit (d'Esprit...) morose, un événement a surgi : à Pâques 1971, deux ou trois jeunes de la paroisse sont allés à Taizé (communauté oecuménique de frères, près de Mâcon). Je les revoie encore, à leur retour, débarquant dans mon bureau, rayonnants, criant : « le Seigneur est ressuscité, alléluia ! » et choses semblables ! J'étais stupéfait. Ces jeunes étaient transformés, plein de foi et d'espérance, et aussi remplis d'idées et de dynamisme. Alors je me suis dit : allons bon, tout n'est pas fichu, il y a une voie de sortie de crise (spirituelle), une espérance pour l'Eglise ...et pour moi ! Ce fut le début de la remontée de la pente, qui était devenue sérieusement descendante et savonneuse... Quelques temps après, je suis allé moi même voir ça de plus près, à Taizé, avec quelques jeunes. A mon tour j'ai été saisi, par le Saint Esprit sans doute ! J'y ai découvert une communauté priante, des offices remarquables, avec des centaines de jeunes silencieux, assis ou à genoux, couchés même, dans la contemplation, la méditation ou la prière. L'église, trop petite, était prolongée, à l'époque, par un énorme chapiteau, plein de jeunes à craquer ! De très beaux chants, et quasiment pas de paroles. Une liturgie esthétique ! Car les couleurs et les chants aussi étaient en harmonie avec les temps de l'Eglise. Il y avait également une petite chapelle romane où on pouvait prier en silence. Dans la journée, de multiples petits groupes de discussion, d'étude bibliques, de rencontres inter-confessionnelles, ou avec des frères, favorisaient un brassage d'idées et de cultures étonnant, ce que les jeunes apprécient particulèrement, surtout depuis Mai 68, où un certain nombre de murs étaient tombés. Entre parenthèse je crois que cette « révolution » a apporté le meilleur et ...le pire (comme Internet aujourd'hui...), mais c'est un autre sujet ! Et bien là, j'ai retrouvé le sens de la prière, du contact vivant avec Dieu, ce fut une vraie re-conversion ! Je suis donc revenu également enthousiasmé à Briançon. C'est de là qu'est né le groupe oecuménique de jeunes. Il faut dire qu'à cette période (après 68), s'était créé à Taizé ce qu'ils appelaient « le concile des jeunes » : des milliers de jeunes de toute l'Europe et même, on peut dire, du monde entier, se sont succédés sur la colline de Taizé. Les conditions d'hébergement étaient spartiates, la nourriture vraiment limite, mais le climat spirituel extraordinaire. Un monumental carillon annonçait les offices, et c'était bluffant de voir ces centaines de jeunes se diriger vers l'église. Le message du prieur, le frère Roger Schutz, donné chaque soir en quelques phrases très simples était clair : « le Christ est vivant, il anime les Eglises et vous envoie vers chacune de vos communautés pour que vous y apportiez son message d'amour, de paix et d'espérance, soyez des signes de réconciliation dans le monde... ». C'est ce que les jeunes briançonnais ont essayé de faire à partir de là ! Et nous sommes retournés plus tard à Taizé, cette fois beaucoup mieux organisé et aménagé, et aussi contrôlé, car à un moment c'était devenu un peu un nouveau Woodstock ! Seule la nourriture laissait toujours à désirer... ! (Et voici ce qu'on disait pour les moments de silence : « Schütz, Taizé-vous ! »)

l'office à Taizé (cliché internet)

Mais ce n'est pas fini, mon redressement ! Vers les années 1970 s'est développé à travers le monde entier, et dans toutes les Eglises, ce qu'on a appelé « le renouveau charismatique ». J'en avais entendu parlé, puis j'ai lu des comptes rendus stupéfiants de véritables renouveaux, effectivement, aussi bien des personnes que des communautés. Je me souviens en avoir parlé à une « pastorale » (rencontre de pasteurs, ayant en général des théologies très diverses !)... « Qu'en pensez-vous ?», leur dis-je. L'un d'eux me répondit du tac au tac : « Ah ! Tu y crois, toi, à l'hypnose ?! ». En même temps, avec Colette nous avons fait un ou deux stages de « dynamique de groupe », dans le cadre de l'Eglise bien sûr. Entre parenthèses, tous les pasteurs ou animateurs devraient faire de tels stages, fort utiles s'ils sont bien menés. Et là j'y ai rencontré des collègues ayant connu ce renouveau et y étant même rentrés. Tout cela m'a fort ébranlé. Je me suis dit : « mais mon pauvre Francis, tu étais en train de te tromper totalement de voie, avec les nouvelles théologies ! C'est là qu'il faut chercher les solutions pour un réveil des chrétiens et des Eglises : les exemples sont de plus en plus nombreux dans le monde entier...». Et je me suis mis à lire plein de bouquins là dessus, des témoignages, des méditations, des traités plus théologiques ! Mais oui, c'est ici la solution ! Pour moi d'abord ! Ré-actualiser le Saint Esprit ! Alors j'ai prié fébrilement dans ce sens, j'ai participé à des groupes de prière ou de réflexion, des « conventions », j'ai même demandé plusieurs fois « l'imposition des mains » de collègues ! Une parenthèse pour dire que ce n'est pas un geste magique ou de guérisseur (ça peut hélas dans certains milieux un peu fanatiques être interprété comme cela). C'est un geste biblique de bénédiction, tout simplement, un appel à la bénédiction de Dieu. C'est un peu comme quand on passe avec amour la main sur le front de l'enfant pour l'apaiser... Bref, cette quête a duré deux ans ! J'ai particulièrement reçu de deux collègues, le pasteur théologien Paul B. et le pasteur Arnold B.. Un livre aussi a eu un impact assez extraordinaire, non seulement sur moi, mais dans le monde entier : « La croix et le poignard », du pasteur américain pentecôtiste David Wilkerson, qui a fait un travail considérable auprès des drogués aux Etats Unis. Je mentionne aussi la famille O., de Briançon : les parents et les six enfants, juifs d'origine, et pentecôtistes, mais très ouverts. Ils m'ont beaucoup aidé à y voir clair en moi même, et secondé dans la paroisse. Je croyais qu'il fallait « faire » quelque chose, avoir telle ou telle attitude, accomplir telle ou telle démarche, etc... En somme, excusez cette erreur grossière, je pensais un peu qu'il fallait « mériter » ou plutôt conquérir cette effusion du Saint Esprit !

 

Deux mots les plus simples possibles pour tenter d'expliquer ce qu'est ce fameux « renouveau ». Le mot barbare « charismatique », ou charisme, vient d'un mot grec signifiant « don gratuit, don de la grâce » (de Dieu en l'occurrence). Il en est plusieurs fois question dans le Nouveau Testament, en particulier aux chapitres 12 à 14 de la première lettre de Paul aux Corinthiens. Il s'agit donc de « dons », inspirés par le Saint Esprit, « pour édifier l'Eglise ». Les apôtres ont reçu plusieurs fois de tels dons, nous le voyons dans le livre des Actes. La première fois, c'est à Pentecôte. D'où le nom parfois donné de « pentecôtisme » aux Eglises pratiquant cette théologie. Il y a eu tout au long de l'histoire de l'Eglise, depuis le premier siècle, un courant pentecôtiste, ou charismatique, souvent combattu d'ailleurs. Le développement rapide et fabuleux de l'Eglise au premier siècle vient de cette soumission des chrétiens à l'action puissante du Saint Esprit. Puis l'Eglise s'est organisée, a perdu le dynamisme primitif, et les catastrophes sont arrivées ! Mais elle est toujours là, Dieu merci ! Donc en 1900, aux Etats Unis, quelques pasteurs se sont retrouvés et se sont mis en prière pour demander à Dieu de leur permettre de revivre les expériences du livre des Actes et de réveiller leurs Eglises endormies ! Dieu a répondu, et ce fut la naissance du « pentecôtisme ». Ce courant spirituel particulier, qui se voulait enraciné dans l'Eglise traditionnelle, s'est développé de manière fulgurante. Mais les autorités de l'Eglise établie l'ont déclaré hérétique et ont mis ces gens dehors ! Le pentecôtisme est devenu depuis lors une Eglise à part, avec hélas souvent un certain esprit sectaire, et parfois fanatique. Je signale que c'est ce courant qui prédomine en Amérique du Sud et s'y développe actuellement à grande vitesse... Et bien, la même recherche et le même phénomène a reparu vers les années 1970, simultanément dans des Eglises très diverses, et dans le monde entier, mais avec moins d'exubérance, disons plus de sagesse ! J'ajoute : surtout chez les catholiques, qui ont redécouvert les richesses de la Bible et de la foi personnelle. Le Concile Vatican II, sur l'initiative de Jean XXIII, est, à mon avis, un fruit de ce renouveau, même s'il n'en a pas pris toutes les caractéristiques. Alors se sont développées des communautés vivant réellement les même faits que dans le livre des Actes des apôtres ! Voilà donc ce que je me suis mis à rechercher fébrilement !

En 1971, Colette et moi avons réfléchi au fait d'avoir un troisième enfant. Il nous a semblé qu'en « faire » un n'était pas la bonne solution, qu'il y en avait assez sur la terre, mais qu'on pourrait en adopter un, donnant ainsi une chance à un enfant et une famille malheureux. Colette militait à l'époque à Terre des Hommes. Nos deux aînés étaient favorables à cette idée. Comme toujours, nous avons prié, demandant à Dieu de nous donner un « signe », positif ou négatif. Or nous avons passé à cette époque un week-end à Pomeyrol. Nous demandions toujours au Seigneur cet éventuel signe ! Et puis au cours de l'office matinal, dans la prière (libre), nous avons entendu une des soeurs dire : « Seigneur bénis les couples qui adoptent des petits enfants... » Nous nous sommes regardés tous les quatre : pas de doute, c'était la réponse ! De temps en temps on peut demander ainsi un « signe » à Dieu, d'une manière ou d'une autre. Il ne faut pas en faire un système, mais d'abord percevoir si Dieu est d'accord sur cette procédure ! Mais par exemple pour le Gabon, nous n'avons pas su lire ces signes, avant que les choses ne dérapent ! Bref la demande d'adoption fut faite et cela a duré... deux ans ! Sun Mi est arrivée à Noël 1973, comme un cadeau du Ciel. La famille était au complet, en attendant les "pièces rapportées", non : "les valeurs ajoutées", aimées comme nos enfants (Sophie, Joël et Daniel) !

notre famille, il y a une quinzaine d'années, avec les parents de Colette

Donc cette même année, à Pentecôte, j'ai amené trois jeunes du groupe à la retraite de Pentecôte à Pomeyrol. Il y a eu quelques enseignements, sur le Saint Esprit, et deux veillées de prière. L'animateur principal de cette retraite était le pasteur Gaston R., un « charismatique » de la première heure, plutôt excité ! Il y avait aussi le pasteur Arnold B., et un groupe bien connu, catholique, de ces débuts du Renouveau en France : la communauté de la Théophanie. Le premier soir, j'ai demandé la prière de ces frères, mais sans résultat évident... ! (Je me souviens que celui qui m'imposait les mains disait : « Seigneur, tu vois comme il est froid ! »). Le second soir, je ne l'ai pas demandée, mais le pasteur Arnold B., au tout début de la veillée, s'adressant à l'assemblée, a donné une image très parlante, un peu comme un message venant de Dieu, disant en gros : « Il y a en toi une source d'eau vive, enfouie, qui ne demande qu'à jaillir et t'envahir, laisse là agir... ». Cette parabole de l'eau m'avait toujours parlé, et cela fait bien sûr allusion à la rencontre de Jésus avec la femme Samaritaine et le fameux quiproquo sur « l'Eau vive » (Jean 4). Et bien, on peut penser ce qu'on veut, mais j'ai eu soudain l'impression de pénétrer dans une cathédrale (toute bleue !) magnifique, d'être envahi d'amour, de joie et de paix et de comprendre un tas de choses spirituelles ! Je me suis mis à prier joyeusement : je louais le Seigneur avec volubilité ! J'attendais cela depuis des mois ! Je comprenais ce qu'avait voulu dire Jean Baptiste à propos de Jésus : "il vous plongera dans le Saint Esprit" (Luc 3, 16). Du coup je pourrais donner la preuve aux pasteurs pentecôtistes qu'un pasteur réformé classique pouvait aussi recevoir le Saint Esprit !

 

les parents de Colette

Et bien cette expérience spirituelle (qui, je le précise, n'a rien d'extatique, en tous cas pour moi!) a été un vrai bouleversement. Je peux dire, comme pour ma vocation pastorale, qu'il y a eu un avant et un après. J'étais joyeux, pour ne pas dire euphorique ! Je voyais le monde, les autres, sous un autre angle. Et puis cela m'a rapproché de ...Jésus. Cette expérience n'a pas les mêmes effets chez les uns ou les autres, mais pour moi ce fut surtout cela. Une proximité du Christ étonnante. Les jeunes que j'avais amenés étaient contents de me voir ainsi, mais n'avaient pas vécu une expérience aussi forte. Dans les témoignages que j'ai entendus à l'époque, il y a eu de tout : je pense au témoignage d'un prêtre missionnaire, qui était dépressif, découragé, qui n'avait pas ri depuis des années, et bien cela lui a déclenché une crise de rire de plusieurs heures, avec un changement de vie radical !
Bref c'est une expérience spirituelle remarquable, qui se traduit par des effets concrets dans la vie quotidienne et surtout dans les groupes ou paroisses qui laissent le Saint Esprit agir ! On nomme souvent maladroitement cette expérience « baptême dans le Saint Esprit », ou « effusion du Saint Esprit ». Je ne vais pas développer cela ici, et je me contenterai de dire que c'est une expérience spirituelle forte, une sorte de conversion, ou re-conversion. Effectivement le jour de « l'Ascension », de la séparation du Christ d'avec ses disciples, Jésus leur avait dit : "Vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins... " (Actes 1, 8). Le célèbre pasteur Marc Boegner avait écrit : « Nous avons peur du Saint Esprit... » C'est vrai, sans doute à cause des déviations toujours possibles, et parce que la frontière entre le psychique et le spirituel n'est pas toujours très claire ! Mais aussi parce que effectivement nous savons qu'il peut sérieusement déranger et nous entraîner sur des chemins nouveaux !

Mais attention : dangers ! Le premier, c'est l'orgueil spirituel, ce n'est pas la peine de faire un dessin... Cela a fait hélas des ravages ! Le second c'est un zèle démesuré, celui des nouveaux convertis, manquant de tact, de discernement et de sagesse vis à vis des autres, cela aussi a fait des ravages ! Je ne suis pas tombé dans le premier panneau (ce n'est pas dans ma nature !), mais un peu dans le second... Colette a eu du mal à tenir le coup ! J'en suis désolé ! Imaginons quelqu'un essayant depuis longtemps de gravir une paroi en escalade, sans y arriver, et ses proches pareillement. Et puis il tombe sur un ami qui lui montre les clés du passage, et hop, il arrive au sommet ! Il va s'empresser de dire aux autres : « mais alors, qu'est-ce que vous faîtes, vous êtes ridicules, suivez les conseils de mon ami, écoutez-le, votre vie sera changée ! » Et il les regarde ...d'en haut, de haut ! Ce n'est pas malin...

Il vaut mieux ne rien dire, mais que la solution soit bien visible et puisse être adoptée librement. Je dois dire que depuis, la joie ne m'a pas quittée ; ma foi, comme tout le monde, passe par des hauts et des bas, et mes engagements aussi... Mon ministère aussi a été transformé, et le groupe de jeunes, oecuménique, s'est développé, a fait de l'évangélisation. J'ai fait venir dans la paroisse des groupes du Renouveau qui ont animé des cultes ou des veillées. En particulier « les Benjamins », groupe belge rock ! On les entendait d'un bout à l'autre de la vallée de Freissinières, ou sur le camping des Plans d'Eau d'Embrun ou de La Roche de Rame ! Nous sommes restés liés à deux d'entre eux : Annie et Jean Pierre F.. Mais intervient un troisième danger : la division ! C'est évident, devant cet enthousiasme, qui peut frôler chez certains le fanatisme, les gens, les paroissiens, sont divisés : les pour et les contre, et les « ni pour ni contre, bien au contraire » ! Là aussi que de désastres qui auraient pu être évités avec un peu de sagesse  !

Bon, je crois que je me suis ensuite assez rapidement calmé et j'ai vu les dangers d'un zèle excessif. Mais le problème pour moi a été : comment communiquer ce nouveau souffle à une paroisse traditionnelle ? Moi même avais été profondément renouvelé, dans ma relation à Dieu, dans la prière, dans mon comportement aussi je pense. Ma vie personnelle et conjugale a aussi été revigorée. Mais une paroisse de l'ERF ? Certains pasteurs y sont arrivés mais, du coup une partie de l'assemblée est partie, se rattachant à une paroisse classique, ou quittant carrément l'Eglise, c'est bien dommage ! En fait je crois que déjà un pasteur « renouvelé » peut faire du bon travail, dans la prédication, la catéchèse, le ministère de visite... C'est ce que j'ai essayé de vivre, et, Dieu merci, il n'y a pas eu de divisons ! Et en famille ? Comme j'ai vite compris que j'allais trop loin au début, et qu'il fallait mettre un peu la sourdine, nous avons vite retrouvé l'harmonie. Nous sommes allés en famille au Centre Chrétien de Gagnières par exemple, où chacun s'est engagé à sa manière. Les filles étaient trop jeunes, mais Colette s'est engagée, et, sans qu'elle ait peut être les « charismes » classiques du Renouveau, je sais que nous sommes sur la même longueur d'onde spirituelle. Je dirai même qu'elle me parait plus près du Seigneur que moi ! On m'a reproché d'avoir trop « chauffé » notre aîné Olivier, qui a, peu après, demandé le baptême. Mais il n'a jamais été exalté ! Le pasteur Thomas Roberts avait même lancé un appel à ceux qui voulaient s'engager, mais pas maintenant, peut être pour bien plus tard, c'était sage. Olivier, lui, s'est engagé ensuite à fond dans le scoutisme, et nous en étions ravis. Sa petite troupe d'éclaireurs avait aménagé le grenier du temple de Briançon, et il a fait un boulot remarquable avec ces jeunes, même au point de vue spitituel. Quand à Christelle, c'est peu à peu qu'elle aussi a pris sa place dans la vie spirituelle de la famille, et elle a également beaucoup milité dans le scoutisme unioniste, où elle a d'ailleurs rencontré Joël, son mari !

Bourdeaux, le village drômois de Colette

 

Changements

Je ne peux pas dire qu'il y a eu un « réveil » spirituel dans ma paroisse des Hautes Alpes, comme cela avait eu lieu par exemple au début du XIX° siècle, avec le pasteur Félix Neff ! Mais le groupe oecuménique de jeunes (entre trente et quarante participants), avec aussi l'aumônier catholique, le père Adrien, et l'objecteur de conscience ayant passé deux ans parmi nous, Jean Luc G., a été vraiment une source de joies et de bénédictions. C'est avec eux que je me suis arrêté de fumer ! J'en parle car c'est un acte spirituel : voyant que des jeunes apprenaient à fumer dans mes camps, au cours d'un de ceux-ci, dans la prière du soir au temple des Viollins, j'ai pris devant Dieu l'engagement public de ne plus fumer ...à vie ! Et bien ...ça a marché ! Sans problème ni frustration, jusqu'à maintenant !
Je crois que lorsqu'on prend un engagement, de sa propre volonté, et que l'on compte uniquement sur la grâce de Dieu, Il répond, peut être pas toujours comme on pourrait s'y attendre, mais par une bénédiction. En somme il y a deux actes de foi à faire, et c'est tout : faire entièrement confiance à Dieu, et s'abandonner à Lui, c'est à dire être totalement disponible à son Esprit. Ensuite ...au boulot, dans la voie suggérée par l'Esprit ! C'est facile à dire, mais... ! C' est souvent le seul moyen de se débarrasser d'une addiction, et c'est ce que prône la Croix Bleue par exemple, avec les alcooliques. Ainsi plusieurs fois j'ai signé avec et pour des amis.

On ne peut pas dire cependant que la paroisse a pris le train du Renouveau en marche, mais ce ne fut en tous cas pas la mort annoncée par mes collègues ! Car quand nous y étions arrivés, en 67, ils m'ont dit que mon ministère consisterait surtout à enterrer paisiblement la paroisse ! Je l'ai donc cru au début mais ensuite nous avons prié pour un « réveil ». Mes remplaçants ont continué, en général, dans cet esprit (Esprit!) et aujourd'hui la paroisse est toujours vivante et assez dynamique. A cette époque, plusieurs fois j'ai reçu des appels, en particulier deux fois de Nîmes (à la paroisse de l'Oratoire), mais je n'ai pas bougé, « sentant » que ce n'était ni le moment ni la bonne opportunité, autrement dit que ce n'était pas dans les voies du Seigneur (qui, comme chacun sait, sont impénétrables !). Une troisième fois, deux pasteurs de Nîmes sont même venus me rencontrer pour essayer de me « débaucher », ou plutôt m'embaucher. Vous savez, c'était tentant, les parents de Colette habitant juste à côté de cette ville ! Bien sûr, toujours demander à Dieu ce qu'Il en pense ! Et là je vous avoue que je ne l'ai pas senti du tout... J'ai encore refusé.

on se fait vieux, mais on s'aime toujours autant !

Mais quelques mois après, c'est un collègue de Marseille, Raymond D., avec qui j'avais fait mes études de théologie, qui est venu lui même à ma conquête ! En petites chaussures de ville, dans la neige, vers Noël 76 ! Il venait me proposer le deuxième poste pastoral de la paroisse de Marseille Grignan ! Autant dire que ce sont les antipodes des Hautes Alpes ! Ce poste était occupé depuis 25 ans par le pasteur Jacques M., partant à la retraite. Ce frère avait une réputation de dictateur sur l'Eglise de Marseille, je vous passe tous les conflits, jalousies, etc... Bien sûr mon ami Raymond a pudiquement passé sous silence ces dessous des cartes ! Il m'a même brossé un tableau presque idyllique de la paroisse ! Le choix a été difficile, et finalement nous avons « perçu » qu'il y avait là un appel du Seigneur. Je le revois toujours, repartant en train, sur le marche pied, me criant : « c'est sérieux, c'est sérieux ! ». Nous avons dit oui. Après avoir rencontré à Montgenêvre une personnalité du conseil presbytéral de Marseille-Grignan, Roland K., il a fallu annoncer la décision du départ à la paroisse (en juin de cette même année) ... Ce fut évidemment assez mal reçu. Je crois que les gens nous aimaient bien, et que les choses se passaient pas mal (bien que le trésorier, plutôt libéral, m'avait dit une fois que je risquais d'atterrir en hôpital psychiatrique !). Mais ils ont été obligés de se rendre à l'évidence, après dix ans de vie commune. A part la période signalée plus haut, nous avons été heureux, non seulement à cause du cadre, de la montagne, etc... mais aussi de tous ces amis rencontrés, aidés, aimés. Il y a eu des conflits, certes, et, jeune pasteur inexpérimenté, même maladroit, j'ai parfois eu du mal à y faire face... Je pense d'ailleurs que c'est dans cette paroisse que j'ai été le plus stressé : la dispersion, les mauvaises routes, les querelles de familles et de villages, les mauvais caractères des uns ou des autres... ! Mais aucune paroisse n'a jamais été parfaite, et il y aura toujours des gens pénibles ! Ce n'est pas encore le Royaume de Dieu !

Comme chaque fois que nous avons déménagé (entre parenthèses, 11 fois dans les 7 premières années de mariage !), Colette a été inquiète pour sa situation professionnelle... Déjà, nous l'avons vu, en Afrique, cela n'a pas été facile. A Briançon, ce fut pareil, et elle avait commencé à se paniquer un peu, après quelques semaines de recherches. Et puis il y avait eu des propositions, de plus en plus intéressantes, dans les sanas et cliniques. Nous en avions fait bien sûr un sujet de prière, et faisions confiance à Dieu. Il a toujours répondu. A Marseille aussi, car rapidement elle a pu travailler en cancérologie avec le Professeur Sp., que nous avions connu à Briançon, où il avait un chalet et venait contrôler ses malades venus se refaire une santé. Donc merci Seigneur ! J'ai donc essayé de communiquer mon nouveau zèle pour l'Evangile, mais dans cette paroisse plutôt « bourgeoise », il fallait y aller prudemment... Mon collègue Raymond D., célibataire endurci, était vraiment un garçon super, et pendant ces treize années nous nous sommes entendus comme des frères. Il était (et est toujours!) très pieux et consacré et nous étions en accord spirituel, priant souvent ensemble.

une grande voyageuse : la comète Hale Bopp, et 2 avions passés pendant la pose !

C'est important, la prière à plusieurs : en couple d'abord, cela me paraît, quand c'est possible, une condition de vie heureuse, permettant de surmonter les conflits, d'accepter les différences, de marcher ensemble dans une même direction. Cette prière nous a toujours portés, Colette et moi, et nous a permis de résister aux attaques sournoises du monde moderne, et à ses tentations diverses et variées ! Et puis, quand c'est possible aussi, la prière en famille : cela se faisait autrefois, dans les familles chrétiennes, protestantes ou catholiques d'ailleurs, seule la forme était différente ! Nous l'avons pratiquée en famille, pas régulièrement, mais quand même assez souvent, quand les enfants étaient petits. Il y a aussi les prières communautaires, en paroisse : je crois que chaque paroisse devrait avoir au moins une rencontre pour cela par mois, c'est un minimum ! Cela rebute un peu les gens, qui ont entendu parler ou même fréquenté des « réunions de prière » ultra pieuses dans des milieux évangéliques ! C'est sûr que cela peut être rébarbatif ! Mais on peut simplement parler ensemble, échanger sur nos expériences ou rencontres, partager un texte biblique, et avoir un moment de dialogue avec Dieu, très simple, soit en silence, soit en expressions libres. Enfin il y a les groupes de prière du renouveau charismatique : en général elles sont oecuméniques, on suit le même schéma que ce que je viens d'indiquer, mais dans la prière libre, les fameux « dons spirituels » peuvent s'exercer. Cependant cela demande à être contrôlé : il faut un animateur qui soit non seulement spirituel, mais aussi psychologue ! La frontière entre le spirituel et le psychique n'est pas toujours nette... ! J'avais lancé un tel groupe à Briançon, puis à Marseille. Le problème fréquent, c'est que ce genre de groupe attire des personnes fragiles psychiquement, qui ont besoin d'être cadrées sérieusement, et peuvent apporter un certain désordre... En fait elles trouvent là un milieu accueillant, fraternel, où elles sont écoutées et peuvent s'y exprimer librement. Mais ces groupes de prière permettent de grandes bénédictions, dans divers domaines.

Il y avait aussi les grands rassemblements du Renouveau, ou conventions, à Viviers, à Gagnières ou à la Porte Ouverte. J'en ai fréquenté plusieurs, avec grand bénéfice spirituel. On y rencontre des chrétiens de toutes origines, et ces rassemblements regroupent des centaines de personnes ! Des « ténors » animent les réunions, d'enseignement ou de prière. Des temps sont consacrés à « l'appel » : pour ceux qui désirent que l'on prie pour eux ou qu'on leur impose les mains, soit pour une guérison, physique ou intérieure, soit pour un engagement, une consécration, une conversion... Il y a eu des bénédictions formidables. Toujours une joie profonde, parfois un peu exubérante, et partagée. Les mauvaises langues ont dit que ces rencontres favorisaient une certaine excitation sexuelle ou amoureuse !! Ce n'est pas entièrement faux, car il y a un climat d'amour extraordinaire qui plane sur ces assemblées ! On a hélas vu des catastrophes conjugales... On a souvent reproché à ce courant l'émotivité. C'est parfois vrai, mais cela aussi se contrôle ! Nos Eglises traditionnelles ne sont-elles pas, par contre, trop « sèches » ?

un de mes "essais" en peinture à l'huile : la Cène

 

Je voudrais signaler, c'est dans mon sujet, une expérience que j'ai vécue dans une de ces rencontres, à une convention à la Porte Ouverte, près de Chalons sur Saône. Lors d'une réunion, l'orateur était le pasteur Du., pentecôtiste très connu (il avait même rencontré le pape Jean XXIII et lui avait imposé les mains ! Cela ne m'étonnerait pas que ce soit ça qui ait déclenché le concile Vatican II !). Il a donc parlé sur la rencontre de la femme malade avec Jésus, et qui, dans la foule, s'était approchée derrière Lui et avait simplement touché sa tunique, ce qui avait entraîné sa guérison ! Exemple de foi simpliste mais très courageux, vu le contexte de l'époque. Et bien ce pasteur a lancé un appel : « si vous êtes malade, ou avez un problème personnel à résoudre, ou pour quelqu'un de proche, faîtes comme cette femme, faîtes comme si vous touchiez le vêtement de Jésus, en levant les bras ! La réponse, vous la connaîtrez par une douce chaleur vous envahissant... ». Moi j'étais en pleine forme, mais j'ai pensé à la soeur de Colette, Hélène, qui venait d'avoir une sérieuse attaque de sclérose en plaques, qui nous avait tous surpris et bouleversés. Hélène, entre parenthèse, s'est toujours dite non croyante. Mais Dieu l'aime quand même ! J'ai aussitôt pensé à elle : j'ai levé les bras, je dirais bêtement, comme si je voulais atteindre Jésus. Effectivement j'ai senti une douce chaleur m'envahir, et j'ai su que le Seigneur avait répondu ! Vous savez, à toutes les périodes de ma vie, ma foi a toujours été assez naïve, même enfantine ! Ma prière aussi... Et bien effectivement Dieu a répondu, oh ! pas par un grand miracle époustouflant, mais cette sclérose en plaques n'a pas progressé, au contraire. Hélène a eu quelques récidives, mais moins actives, et aujourd'hui elle crapahute comme un lapin ! Nous en rendons grâce à Dieu. Nous avons été témoins, ainsi, de quelques exaucements de prière et de guérisons, voire de transformations remarquables, comme cet exemple familial  :

Nous étions donc à Marseille quand notre fille Christelle et son mari Joël sont partis au Cameroun pour effectuer le service national par la coopération, en 87-88. Ils avaient été nommés au collège secondaire de Bansoa, près de Bafoussam, sur le plateau Bamiléké, comme enseignants. Tout se passait très bien, et en été, avec aussi Sun Mi, nous sommes allés les voir. Christelle attendait son premier enfant, se réjouissant de le mettre au monde dans cette Afrique si attachante... Bref un accouchement romantique en perspective ! Colette les en a dissuadés, vu l'état sanitaire déplorable des hôpitaux et cliniques, le début du sida, etc... Rien n'y a fait. En les quittant, sur l'aéroport de Douala, Colette a fondu en larmes, ayant de mauvais pressentiments... Je passe sur les détails, mais cela effectivement s'est très mal passé et Christelle a failli y rester, et le petit Nicolas aussi, né près d'un mois et demi avant terme (le 15 décembre). Alors c'est comme s'il avait fallu ouvrir une porte avec dix verrous et dix clés ! Autant de « miracles », peut être des coïncidences pourrait-on dire, mais qui ont sauvé notre fille et notre petit fils ! Nous y avons vu la main de Dieu. Alors autant dire que dans cette période nous avons beaucoup prié ! Colette était allé là bas en catastrophe et a été vraiment un instrument du Seigneur pour sauver la situation ! Elle dit même qu'elle a prié pour sa fille et le petit fils en leur imposant les mains, au nom de Jésus. Fin janvier, alors que Joël était retourné au Cameroun et préparait le retour de sa femme, c'est Nicolas qui a failli y rester, et s'en est sorti miraculeusement (encore grâce à la diligence et au discernement de Colette). En fait ils ont eu tous les deux une forme pernicieuse, et mortelle, du paludisme, qui n'avait pas pu être discernée au Cameroun... Joël aussi l'avait contractée et a été traité en France au moment du rapatriement. Comme pour Colette autrefois, les médecins ont interdit à Christelle et Nicolas de repartir en Afrique, au grand désespoir de Joël ! Depuis, Nicolas a prospéré et court les triathlons !

coucher de soleil à Akaba, en Jordanie, lors de notre voyage familial des 50 ans de mariage !

J'ai parlé plus haut de nos amis belges Jean Pierre et Annie. Et bien je les ai invités, deux années de suite, au camp de ski des jeunes marseillais, que je dirigeais . Ca a chauffé ! Ils sont hyper-charismatiques, mais avec sagesse et discernement, et aussi beaucoup d'humour (humour belge, bien sûr !). Vous auriez vu la tête des jeunes quand ils se sont présentés, au début du camp et ont donné leur témoignage : une histoire extraordinaire, évidemment, et des récits de miracles, d'actions de Dieu diverses et variées, etc... ! A cette première réunion, ils ont simplement demandé aux jeunes de lever la main s'ils voulaient s'engager à « chercher Dieu ». Une bonne moitié l'a fait, si je me souviens bien. Dans ce camp, ils ont été super avec les jeunes, blaguant et chahutant avec eux, mais aussi discutant de choses spirituelles ou éthiques importantes. Jean Pierre a même appris à faire du ski (de fond !). Comme il est très musicien, nous avons tourné deux clips sur ses chansons ! Bref, je crois qu'ils ont eu une excellente influence sur ces jeunes, sans pression aucune. Au cours du deuxième camp, il leur a lancé un défi : préparer un festival de musique chrétienne, comme cela se faisait pas mal à l'époque. Et bien toute une année scolaire, le groupe de jeunes a préparé très sérieusement cette soirée, où ils avaient invité plusieurs groupes connus (des groupes « rock » chrétiens en particulier !). A la fin de l'année a eu lieu la soirée, dans une salle de 700 places, avec huit groupes, entre 16h et 22h. Ce fut un succès, plusieurs centaines de personnes, surtout des jeunes s'y sont succédés. Et les Falise n'avaient pas pu venir ! Hélas le même jour avaient lieu dans la Drôme les obsèques de Pierrot, le mari d'Hélène, atteint d'un cancer. Je n'ai malheureusement pas pu y assister, je devais rester au festival, en étant la cheville ouvrière. Nous avions beaucoup prié pour la guérison de Pierrot. Celle-ci a eu lieu, lors d'une première atteinte, très grave. Il avait été, semblait-il, entièrement guéri ! Mais il a rechuté, et cela fut fatal.
Pour revenir aux amis belges, lors d'un passage à Marseille, j'ai fait faire à Jean Pierre F. une série de réunions au temple de la rue Grignan. Réunions dites de « réveil », pour secouer les paroissiens ! Cela a bien marché. Son style est assez spécial, mais enfin des personnes se sont engagées. J'ai assisté à la fin d'une de ces assemblées à une confrontation assez curieuse, qui a beaucoup marqué mon ami Jean Pierre ! Il ne restait plus que nous deux, à la fin, les gens étaient repartis, quand un petit homme est arrivé et a commencé à invectiver, voire insulter Jean Pierre, de façon très habile ! Je l'avais déjà vu dans des réunions, cet homme se disait satanique... Je vous avoue que je n'ai jamais été branché sur ce domaine spirituel très mystérieux... Mais là c'était vraiment troublant, et on avait l'impression que Satan lui même parlait par la bouche de ce type ! Dialogue stupéfiant entre l'homme de Dieu, la plupart disent qu'en fait ce type est un fou, se prenant pour un envoyé du diable ! Ca arrive ! Sur ce sujet je suis plutôt « agnostique » (il y a quelque chose, mais je n'en connais rien et je préfère ne pas m'y attarder !). Mais Jean Pierre, qui est assez familiarisé avec ce genre de chose, a été très ébranlé par cette rencontre ! J'avais vu cela une autre fois, dans une grande convention à Viviers... A ce propos nos amis F. avaient quantité de récits effrayants qu'ils avaient vécu... Un peu plus tard, à Marseille, un ami, quelque peu alcoolique à l'époque, s'était mis avec une fille qui pratiquait toutes sortes de magies ou autres trucs occultes, et l'avait mis complètement sous sa coupe. Mon ami était quasiment envoûté et devenait carrément fou ! Ce fut un difficile combat spirituel avec lui (très croyant), mais finalement Dieu l'a délivré totalement, et bien sûr il a quitté cette personne ...puis l'alcool (il y a eu quelques rechutes...!).

Jean Pierre F. m'a permis de rencontrer plusieurs fois une association évangélique internationale : « Les Hommes d'Affaires du Plein Evangile ». J'ai pu plusieurs fois y donner mon témoignage ; cela se passe à l'issue d'un repas (fameux !) dans un restaurant, ou un petit déjeuner (copieux!). En fait il ne s'agit pas de véritables hommes d'affaires, mais plutôt de gens qui travaillent et peuvent ainsi se libérer pour un repas ! Nous avions ce genre de rencontres (moins pieuses !) à Marseille : les « Repas-débat de la cité ». Ce sont autant d'occasions de rencontrer des gens « hors Eglises » qui peuvent entendre le message évangélique. Il faut distinguer entre « évangélisation », témoignages » et « prosélytisme ». Ce dernier terme recouvre une réalité négative, car impliquant souvent une certaine pression pour « convertir » les auditeurs. Le témoignage est fort utile mais doit être utilisé avec tact et discrétion ! L'évangélisation, ou « la mission », c'est l'ouverture de l'Eglise sur l'extérieur, par la parole ou les actes (le service), elle doit faire partie de l'être même de l'Eglise, sinon les chrétiens se regardent le nombril, ce n'est pas bon !

la croix avec les instruments de la crucifixion, à Saint Véran

J'ai vécu encore quelques exaucements qui m'ont marqué : à Briançon nous avions des amis très catholiques, lui directeur de l'agence de Caisse d'Epargne. Mais il était alcoolique. Grave. L'alcoolisme mondain sans doute, mais sa famille vivait mal cet état de fait. Nous avons souvent prié ensemble, car il en était malheureux. Un jour il est venu, désespéré, et nous avons prié, je lui ai imposé les mains et signé avec lui à la « Croix Bleue »... Et, gloire à Dieu, il s'est arrêté, du jour au lendemain, et a tenu plusieurs mois. Pendant l'été, avec sa femme ils sont allés en vacances, à Agde je crois. Là, ils ont rencontré des jeunes des groupes d'évangélisation « Punch ». Et ils ont redonné leur vie à Dieu : ils sont revenus vraiment transformés. Bien sûr il ne buvait plus. Mais un jour, à un cocktail de la Caisse d'Epargne, on l'a quasiment forcé à boire une coupe de champagne. Il a bu et ...a rechuté. Peu après il s'est suicidé... Une autre fois, toujours à Briançon, au cours d'une rencontre de prière dans le temple des Viollins, une dame, ancienne équipière de l'Armée du Salut, a subitement demandé que l'on prie pour la guérison d'un petit neveu, un enfant en très bas âge, atteint d'une tumeur au cerveau, si je me souviens bien. Un peu interloqué, j'ai dis « et bien, prions pour cet enfant... » ! Quelques semaines après cette amie nous a annoncé sa guérison complète ! Alléluia ! Le papa de Colette aussi, quand il était aumônier à la Maison de Santé à Nîmes, a été réveillé en pleine nuit par une infirmière le suppliant de venir prier pour un très jeune enfant que les médecins, la veille, avaient jugé condamné, incurable. Mon beau père a aussi été interloqué, et ébranlé par la foi de cette infirmière ! Il est allé en tremblant au chevet de l'enfant, a prié pour lui en lui imposant les mains, et est reparti se coucher. Le lendemain, tout le service était bouleversé : l'enfant était guéri ! Gloire à Dieu !

 

Des histoires comme ça, on en a vécu, mais on en entend et on en lit aussi aussi de multiples témoignages. C'est sûr que cela raffermit notre foi. Attention : Dieu n'est pas un distributeur de miracles ! Ceux-ci, comme ceux des Evangiles, ne sont que des signes, des clins d'oeil du Seigneur. On ne doit pas en faire un système et croire que c'est automatique ! Il ne faut pas croire non plus qu'il faille des conditions spéciales : chaque cas est unique, comme d'ailleurs dans les Evangiles. Parfois des personnes très engagées dans la foi, (on pourrait dire des « saintes »!) ont prié pour une guérison ou autre délivrance, et la réponse attendue n'est pas venue, certaines sont décédées peu après... Je suis sûr que s'il n'y a pas l'exaucement demandé ou espéré, il y a toujours une bénédiction quelque part... Ce qui est certain aussi, c'est que Dieu souffre avec celui qui souffre. A mon sens, il n'y a qu'une réponse à la question de la souffrance, surtout de l'épreuve injuste, c'est ...Jésus. Lui même, « Dieu avec nous », a souffert et est mort. Il a crié sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ». Oui, il traverse les épreuves avec nous. Une anecdote pour se détendre, racontée par le pasteur Thomas R. : « dans une réunion pentecôtiste dédiée à la guérison par la foi, un homme se présente, en claudiquant, avec d'autres malades, devant le pasteur et demande qu'on prie pour ses yeux, car il voit de moins en moins. Le pasteur s'exécute, puis ajoute : et, Seigneur, guéris cet homme de ses jambes, tu vois comme il boîte ! Alors le type s'écrie : ah non, pas ça, je ne pourrais plus toucher ma pension ! »

 

le pic nic au cours d'un camp de ski à Saint Véran

Bon, à part le groupe de jeunes, la paroisse ne s'est pas plus réveillée à Marseille qu'à Briançon, mais enfin elle n'a pas décliné ! Je rends hommage au pasteur Jacques M., dont on m'avait dit le plus grand mal, car il a été irréprochable, au point de vue déontologique. Bien sûr, comme chacun de nous, il n'était pas parfait ...! Moi non plus : dans ma prière, je demande souvent à Dieu de me corriger de tel ou tel défaut ou travers. Dieu répond, mais pas toujours, ou alors je rechute ! C'est ce qu'on appelle la « sanctification » ; en clair : essayer de devenir meilleur, ou moins mauvais ! Mais je dois dire que le Seigneur m'a gardé des grosses erreurs ou bêtises, dans tous les domaines. C'est bien l'oeuvre du Saint Esprit. Tout peut devenir sujet de prière, notre morale, mais aussi les opposants éventuels. Nous en avons eu peu, Dieu merci. A Briançon, quelques personnes plutôt critiques. A Marseille par contre, un de nos meilleurs amis, très engagé dans l'Eglise, est devenu presque agressif, et commençait à dire ici ou là que je devrais partir... cela me revenait aux oreilles ! Nous avions mis son agressivité sur le compte de sa maladie, qui a fini par le terrasser, et nous avons beaucoup prié pour lui et sa famille, qui a dégusté aussi... Quelque fois, quand il y a des personnes qui m'embêtent, je demande à Dieu « de les mettre hors d'état de nuire » ! (par le moyen qu'Il jugera bon !). J'avoue que Dieu a souvent répondu, mais avec sagesse et amour, parfois avec humour !

A Marseille il y a donc eu ce groupe de jeunes, très nombreux et enthousiaste. Nous avons fait des week-end, des camps, animé des soirées spectacles, des cultes. Je garde de ces mouvements de jeunes, en Afrique, à Briançon ou à Marseille, puis à Nîmes, des souvenirs formidables, même s'ils m'ont fait souvent ...suer ! Je n'avais aucun diplôme d'animateur, et j'ai appris sur le tas ! On a tourné pas mal de films, bibliques ou autres, c'était une bonne activité. J'ai toujours veillé à ce qu'il y ait une vie spirituelle dans nos rencontres ou camps. Peut être un peu trop parfois, puis ensuite le rythme s'est relâché ! Plus tard, à Nîmes, le directeur de Jeunesse et Sports qui était ami et protestant, m'a recommandé de passer mon brevet de directeur (BAFD). Vue mon expérience, j'ai été dispensé de BAFA (1° degré) et j'ai fait mon cursus, avec les jeunes animateurs ou éducateurs, à près de 60 ans ! J'y ai appris beaucoup de choses, fort utiles, et j'ai pu corriger un certain nombre d'erreurs ! A Marseille un petit groupe de chant s'est créé, avec Olivier et Christelle en particulier. J'étais avec eux au début, car j'adore chanter. Un jour ils m'ont dit gentiment : « on ne te veut plus ! » Et bien j'en fus content : ils étaient donc majeurs ! Ce groupe « Jizréel » (« Dieu sème »), était remarquable et a fait plusieurs soirées et camps d'évangélisation. Ils s'étaient formés à un camp à Gagnières, avec Claude Fr.. Vraiment ce groupe d'une dizaine de jeunes m'a beaucoup apporté. Ensuite ils se sont dispersés, dans des chemins variés...

Et puis cela faisait 13 ans que nous étions à Marseille. Les enfants étaient grands maintenant, j'ai eu la très grande joie de présider les cérémonies de mariage des trois (Sun Mi, plus tard), avec la fête dans notre ferme drômoise « Deloule », où j'avais aussi organisé plusieurs camps de jeunes (en particulier d'astronomie !). Je ne m'attarderai donc pas sur les détails et péripéties de la vie, communs à tout un chacun ! Je rappelle simplement que notre relation à Dieu, avec des hauts et des bas, bien sûr, nous a toujours permis de continuer la route avec confiance et espérance. Les parents de Colette commençaient à se faire vieux et à être fatigués, et c'est sûr que prendre un poste à proximité nous irait bien. C'est alors que le pasteur Albert B. m'a téléphoné, en 89, pour me demander de le remplacer à la paroisse du Grand Temple de Nîmes. Ces pasteurs auxquels je devais succéder étaient de grosses personnalités de l'Eglise Réformée. Moi je n'étais qu'un petit pasteur de province faisant ce qu'il pouvait, avec l'aide de l'Esprit Saint ! Alors nous avons prié, naturellement (enfin non, ce n'est pas naturel... !). Et nous avons accepté.

le Grand Temple de Nîmes et ses grandes orgues

Là aussi on m'avait prévenu, comme pour Marseille : « c'est la jungle à Nîmes ! » Mais alors que nous avions laissé un délai de cinq mois aux briançonnais, ici nous avions un an et demi d'avance ! Le même problème s'est posé pour Colette : où trouver du travail, dans son domaine, la cancérologie ? Elle a alors écrit à un cancérologue nîmois qui lui a aussitôt proposé un poste, sans même l'avoir vue ni connue ! C'était vraiment une bénédiction. Moi, je me sentais tout à fait à ma place dans cette nouvelle paroisse. La collaboration avec mon collègue du Grand Temple n'a pas été aussi simple et facile qu'à Marseille, mais quand même on s'est bien entendus et on se complétait. Je me suis remis à l'orgue et cela m'a procuré beaucoup de joies ! De nouveau à Nîmes je me suis occupé d'un groupe de jeunes dynamiques et sympathiques, avec son cortège de week end et de camps !

 

Pendant quelques années j'ai pu participer à un groupe de prière du Renouveau, catholique, et cela me faisait du bien. De plus on m'a confié des responsabilités oecuméniques et missionnaires régionales qui m'ont bien intéressé. Avec mon collègue et ami Michel J., nous nous sommes aussi occupés du groupe inter-religieux, avec les musulmans en particulier. A Marseille je m'étais aussi engagé dans « l'Amitié judéo-chrétienne ». Il faut favoriser le plus de rapprochements possibles, au lieu d'exciter les divisions. C'est comme avec la « pastorale évangélique », où l'on rencontre toutes les Eglises en "iste" (baptistes, etc..!). C'est important d'avoir une ou des ouvertures sur le monde, sur d'autres façons de croire, d'être... Nous avons donc été aussi heureux à Nîmes ! Je faisais des prières pour ne pas être président du conseil presbytéral de l'ensemble, car vraiment ce n'est pas dans mes charismes ! J'y ai échappé deux fois, mais pas la troisième (c'est tous les trois ans) ! J'avoue que cela a été pénible ! Je l'ai fait consciencieusement, mais je n'ai pas été révolutionnaire... Assurer la vie normale de l'ERF de cette belle ville protestante, cela me paraissait suffisant et me donnait déjà assez de soucis ! Bon, je crois que cela s'est bien passé, et j'ai essayé d'y mettre un peu d'humour, comme d'habitude ! Je me suis senti vraiment soutenu par Dieu et, comme toujours, par ma femme. Celle-ci a eu une opportunité de se mettre à la retraite avant l'âge normal, et a été bien soulagée ! Moi même, après avoir consulté la Sécu, j'ai constaté que j'aurais déjà pu prendre ma retraite, quatre ans avant l'âge requis ! Alors, mon mandat de président ayant cessé, j'ai décidé d'arrêter, en juin 2001, à 63 ans : j'étais fatigué, las. Pas spirituellement, quoique sans doute un peu attiédi par rapport à quelques années avant, mais plutôt psychiquement, et même physiquement.

nous avons toujours essayé de regarder dans la même direction...!

Comme nous avions cette petite maison à Calvisson, près de chez mes beaux parents, à Bizac, nous nous y sommes installés, après quelques travaux. J'avoue que ce fut une nouvelle vie ! Une respiration, un soulagement, que je ressens encore aujourd'hui, onze ans après ! Ouf ! Surtout : plus de stress ! Ne plus se dire régulièrement et avec obsession : je n'ai pas fait ceci, cela, je n'ai pas vu tel ou tel, il faudrait faire ceci ou cela, etc... : une culpabilité perpétuelle ! Et puis : plus de visites à faire ! J'avoue que c'était ma faiblesse, étant d'une timidité presque maladive. Et pourtant j'en ai fait beaucoup, des visites ! Mais ...un peu par devoir ! Une fois chez les gens, ça allait, très bien même, mais pour partir de chez moi... Que de prétextes pour y rester ! Autant cela ne me faisait rien de prêcher devant 200 personnes (ce qui était fréquent à Marseille-Grignan comme à Nîmes-Grand Temple, autant c'était une épreuve d'aller chez une seule ! Et puisque nous parlons prière, bien sûr je priais avant, et même en sonnant à la porte ! Mais ensuite c'était toujours la même question : dois-je prier avec cette personne ? Là, il faut un peu de discernement, pas toujours facile. Mais que de fois dans ces prières en tête à tête, nous avons senti la présence de Dieu, et la personne ne cachant pas ses larmes ! Par contre, c'est sans doute une erreur, je n'ai quasiment jamais emporté la Bible dans mes visites... Les entretiens que j'aimais bien, ce sont les préparations de baptême, de mariage, de premières communions et même d'obsèques. Pour ces deux derniers, la prière est de circonstance, mais rarement pour les deux premiers cas... En tous cas je priais toujours secrètement pour les personnes visitées. Comme tous les pasteurs et visiteurs, je pourrais raconter des tas d'anecdotes, parfois cocasses ou surprenantes, vécues au cours de ces visites ! Ce ministère de visiteur n'estpas monotone ! Donc, à la retraite, enfin, plus de visites systématiques ! Je vais toujours voir des gens de temps en temps, mais avec Colette, avec qui j'ai retrouvé la proximité rassurante des débuts !

Dernière période !

La retraite ! Comme me disait mon collègue et ami Raymond, nous ne sommes pas à la retraite, mais « en retrait » ! Effectivement jusqu'à maintenant nous sommes bien occupés. A peine arrivés et installés, on m'a demandé d'accompagner les conseils presbytéraux de Vaunage-Ouest, confrontés à un gros problème : Le conseil régional venait de faire partir leur pasteur, qui avait annoncé trois mois avant qu'il divorçait et partait avec ...son ami ! Alors ça a fait une grave division au sein de notre Eglise locale : les uns auraient préféré le garder, car c'était un bon pasteur, les autres soulagés qu'il soit parti ! J'ai dû remettre la paix dans les chaumières et les conseils ! Nouveau sujet de prière, également avec les paroissiens. Bon, les choses se sont petit à petit tassées. Mais la paroisse étant restée un an et demi sans pasteur, j'ai vite été occupé ! Mais, Dieu merci, ni visites ni obsèques ! Les deux autres collègues du coin ont eu un peu plus de boulot ! Ensuite, quand nous avons eu un pasteur, Corinne Ch., pasteure (et non "pastourelle"!) remarquable, la Région m'a demandé d'aller de temps à autre plus loin donner un coup de main dans les villages plus près de la mer et à Vauvert  ! Mais cela ne me déplaisait pas d'avoir encore l'occasion de rendre service. Et quand Corinne est partie, Calvisson et la paroisse de Vaunage Ouest sont restés sans pasteur et du coup j'y ai fait de temps à autre des cultes et des études bibliques, encore maintenant. Ce sont deux services que j'aime particulièrement. Il y avait un collègue à Caveirac et un à Sommières. Colette, elle, a été nommée présidente du conseil presbytéral de Calvisson, ce qui lui donne bien du souci ! Les tristes événements de cette période, ce sont les décès de ses parents. Les miens étaient décédés depuis longtemps, maman quand nous étions à Briançon et papa lors de notre première année à Marseille. Le départ des parents, c'est la fin de toute une période, une ère presque ! C'est se retrouver en première ligne pour assumer la vie de sa famille. Nous sommes, je l'ai déjà écrit, extrêmement reconnaissants à Dieu pour nos parents. Mais je ne crois pas, comme le dit Vivi, la petite soeur de Colette, qu'ils « nous voient de Là Haut » !

 

Le message biblique est assez clair : quand on est mort, on est bien mort ! Mais Dieu nous garde en quelque sorte en mémoire, et quand viendra son Royaume, il nous ressuscitera ! La résurrection de Jésus est le gage de la nôtre. Le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens nous dit tout ce qu'on peut savoir sur ce sujet, c'est à dire pas grand chose. Mais c'est une espérance. Jésus disait : "Nul ne vient au Père que par moi." (Jean 14, v.6) J'interprère ceci en disant que, par sa propre mort sur la croix, il nous a en somme ouvert une porte dans le mur infranchissable de la mort qui mettait un terme à la vie. Et ceci non seulement pour moi, ou pour les chrétiens, mais pour l'humanité entière. Libre alors à chacun de vouloir y passer ! Nous savons que maintenant, la prochaine étape importante pour nous deux, ce sera ...la mort ! Comme une fois mort le temps, l'espace et la vie n'existent plus pour nous, je crois qu'on se retrouve directement au Jour de la résurrection ! Enfin tout cela est un mystère, un objet de foi et d'espérance, et non de connaissance. Ce qui n'empêche que l'impression de la présence de nos parents est souvent presque tangible à nos côtés ! Ce sont les liens de l'amour qui perdurent... Quant à moi, je suis en permanence angoissé à l'idée que Colette parte la première... C'est un manque de foi !
Une petite anecdote troublante, au point de vue spirituel : quand mes parents sont décédés, il a fallu vider la maison d'Argenteuil. J'y suis allé, en train, et le mari d'Hélène, Pierrot, devait me rejoindre le matin tôt avec une camionnette louée. Je me suis donc retrouvé seul dans cette grande maison, pour la nuit. J'étais paisible, un peu nostalgique, et j'ai trié des affaires toute la soirée, puis je me suis couché dans ma petite chambre de jeunesse, reconnaissant pour tout ce que j'avais vécu là. Et tout à coup, à minuit pile, dans le silence de la nuit, j'ai entendu, très fort, trois coups secs un peu espacés ! Rassurez-vous, je ne crois pas du tout aux fantômes ou à tous ces trucs-là ! Je me suis précipité à la porte et à la fenêtre et j'ai demandé : « y a quelqu'un ? ». Evidemment, grand silence. Et bien figurez-vous que j'ai été paniqué. Comme jamais je ne l'ai été : une panique viscérale, je dirai même spirituelle ! Je n'ai pas dormi et j'ai prié toute la nuit ! Le matin j'ai inspecté la maison pour voir ce qui avait pu faire ce bruit, mais je n'ai rien constaté d'anormal... Bien sûr je n'ai aucune explication... Mais enfin, un coup, c'est très fréquent, un meuble qui craque, deux coups, c'est déjà plus rare, mais ça arrive. Mais trois, si réguliers... On m'a rappelé que Karl Marx avait habité cette maison quelques temps, mais je ne crois vraiment pas au retour de son spectre !

toute la famille lors de notre voyage des noces d'or en Jordanie (moins Liam, le dernier né de SunMi et Daniel)

Nous avions confié au Seigneur un projet familial : offrir aux enfants et petits enfants un voyage ensemble, pour nos noces d'or. Nous l'avons réalisé deux ans à l'avance, et ce fut formidable, une bénédiction (pour tous je crois). A cette occasion cette photo est la dernière en date de toute notre famille, prise en Jordanie. Bien sûr il manque l'adorable petit Liam, né ensuite chez SunMi et Daniel ! On avait bien fait d'avancer la date de cet anniversaire, car un événement important est survenu dans ce dernier parcours de foi : Colette, de plus en plus essoufflée, a dû se faire opérer à coeur ouvert... Nous avons pris la chose avec philosophie, et avec foi. Préparations de l'opération en mars, puis celle-ci le 4 avril 2012 (à la place d'un voyage au Cambodge et Laos !). C'est quand même un gros truc ! Bien entendu nous avons confié cela au Seigneur et nous étions paisibles. Dans ma prière personnelle j'avais demandé au Seigneur comment cela se passerait ! J'ajoute qu'il ne faut pas faire ça souvent, Dieu ne nous permet pas de connaître l'avenir, j'en ai déjà parlé. Mais j'avoue que quelques fois, très rarement, j'ai demandé des petits renseignements à Dieu ! Il ne répond pas par haut parleur, mais plutôt dans l'intuition : une intuition très forte et paisible. Et là j'avais cru comprendre « qu'elle s'en sortirait, mais que ce serait difficile... ». Et j'avoue que cela m'a donné une paix remarquable pendant toute cette période. D'autant plus que l'opération ne s'est pas bien passée : il a fallu non seulement lui greffer la valve aortique, mais aussi l'aorte elle même, ce qui en général est assez délicat ! Les chirurgiens y sont arrivés mais il y a eu des complications : une hémorragie cataclysmique ! On l'a su car Vivi était aux aguets et en communication constante avec un anesthésiste ami de celui qui a endormi Colette ! A vrai dire elle a bien failli y rester... Vous comprenez que pendant tout ce temps, nous, on était en communication avec Dieu ! Finalement elle s'en est sorti et la suite, la convalescence, s'est fort bien déroulée. Merci mon Dieu ! Cela faisait le troisième fois qu'elle est passé près de la cata. ! Tous les deux, nous avions failli nous noyer ensemble dans l'océan, en Côte d'Ivoire, et ce sont nos amis qui nous avaient sauvés. Au Gabon, j'en ai parlé, elle a failli aussi trépasser, et puis là... Moi, à part la noyade et le mauvais réveil à l'hôpital du Val de Grâce, deux fois ça a bien failli mal se terminer en montagne (une chute de pierres et un dévissage!). Je sais bien que tous les jours on risque sa vie en voiture, et deux ou trois fois ce n'est pas passé loin...!

notre ferme familiale "Deloule", à Soyans (Drôme)

Donc nous en sommes là, au moment où j'écris ces lignes de témoignage. Colette est quasiment aussi active qu'avant, ce qui n'est pas peu dire ! Où en est notre vie spirituelle ? Moi, je me trouve un peu refroidi ! Je pratique toujours ma prière un peu naïve, et nous suivons toujours ensemble la liturgie de Pomeyrol, au moins tous les matins. Le soir nous ne nous endormons jamais sans un moment de prière. Quand je dis jamais, je crois que je n'exagère pas ! Nous allons au culte tous les dimanches, naturellement (non, ce n'est pas naturel !), nous intercédons tous les jours pour les membres de notre famille, pour les amis malades, et pour notre paroisse ou le monde. C'est la respiration spirituelle, sans oublier de louer le Seigneur et « compter ses bienfaits » ! Quand il nous arrive de nous disputer (mais oui !), nous nous retrouvons toujours quelques heures après dans la prière où nous nous demandons mutuellement pardon, et à Dieu bien sûr. Le papa de Colette disait que "un couple, c'est comme des équilibristes sur une corde raide. S'il y a chute, le filet tendu sous eux leur permet de remonter et repartir. Et bien, disait-il, ce filet, c'est le pardon, et même c'est Jésus Christ". Les amis nous disent que nous sommes « scotchés » ! C'est un peu vrai, on peut critiquer cette manière d'être en couple, mais pour nous, cela nous convient tout à fait ! Et encore une fois, j'insiste là dessus : c'est un fruit du Saint Esprit, ce n'est pas parce qu'on serait meilleurs que d'autres !
Je n'ai jamais pratiqué de longs moments de prière. Je sais bien que Luther disait que plus il avait de travail, plus il se levait tôt pour prier ! Ce n'est pas mon style... Ce n'est pas la longueur qui compte, mais la sincérité, la profondeur... Mais il est certain, pour moi en particulier, que la retraite m'a entraîné plutôt à la paresse, même sur le plan spirituel... On a toujours besoin de se faire « réveiller » par le Seigneur ! A propos, quel Dieu je prie ? C'est rare que je dise « Père », ou « mon Père », encore moins « mon Dieu », parfois « Seigneur Jésus »... En général je dis simplement « Seigneur », ça englobe le Père, le Fils et le Saint Esprit ! Je me fais certainement, comme tout un chacun, une idée de Dieu plus ou moins déformée, un peu « à la carte » ! Je pense que, pour Dieu, cela lui importe peu. L'essentiel est qu'il y ait communication, dialogue même. Dieu nous parle par la Bible par exemple, ou dans notre intuition, et nous lui « parlons » dans notre prière : louange, demande de pardon, prière pour les autres, prière pour soi... Le modèle idéal étant le « Notre Père ». Ceci fait une bonne transition avec ma conclusion :

 

Conclusion :

Et Jésus, comment prie t-il ? La réponse est très simple et je ne m'y attarderai pas... Jésus prie toujours son « Père » (comme au Jardin des Oliviers...). Il n'y a que sur la croix qu'il a crie « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ». Mais en fait c'est la première phrase du Psaume 22, et on peut suggérer qu'il l'a prononcé entièrement, au moins dans sa pensée. C'est donc toujours « Père », ou « mon Père ». D'ailleurs le modèle de prière qu'il donne commence bien ainsi. Bien entendu cela pose le problème, que je ne résoudrai pas ici, de cette relation filiale particulière... Je n'ose écrire le mot Trinité, qui d'ailleurs n'est pas dans la Bible, même si les trois y sont mentionnés, et parfois ensemble : « le Père, le Fils et le Saint Esprit » ! En tous cas, notre relation à Dieu, c'est comme une relation filiale (nous sommes, dit l'apôtre Paul, des fils et des filles « adoptés » par Dieu, Jésus étant le « Fils unique ») : il y a donc en Dieu à la fois amour et autorité, et en nous respect et confiance. Et puis : Dieu est Dieu, et nous sommes humains ! Quand je prie « Seigneur... », je pense d'abord à cette paternité de Dieu, créateur qui accompagne sa créature avec amour et patience ; je pense aussi « Sauveur », car la croix nous rappelle que Jésus est mort pour nous, sa mort et sa résurrection donnent sens à ma vie ; je pense aussi à l'Esprit qui est en somme le carburant me permettant d'avancer et d'aller aussi bien vers Dieu que vers les autres ! J'ai un besoin vital des trois, un besoin vital de ...Dieu !
Arrivé au terme de ce simple témoignage, que conclure ? J'ai dit que notre prochaine étape, c'est la mort... Je n'ai pas peur de la mienne ! Comme tout le monde j'ai peur de souffrir, mais je sais que Dieu m'accompagnera toujours dans de tels chemins. Après la mort ? Je suis un peu « agnostique » à ce sujet : je sais et je crois que Dieu m'attend, il m'a annoncé et promis la résurrection, mais je ne sais rien du « comment ». Donc il vaut mieux que je m'intéresse au présent, en essayant de vivre le mieux possible avec Dieu, avec les autres et ...avec moi même ! C'est l'oeuvre de l'Esprit Saint. Donc je suis serein et plein d'espérance. Mais, comme je l'ai déjà dit, et c'est la même chose pour tout le monde, j'angoisse par rapport à la mort de mes proches... L'épreuve que vient de traverser Colette m'a fait cependant progresser sur ce point, et je deviens plus paisible sur ce thème également. Ainsi, un dieu peut en cacher un Autre : nos idoles ou faux dieux peuvent nous cacher le vrai Père, le Dieu de la Bible, le Dieu de Jésus Christ ! A Lui seul la gloire !

Que peut-on lire ci-dessus ?!

(un truc : c'est en bleu...!)

 

Francis Willm - 2012 - 2013

 

Mon "deuxième" livre se trouve en vente sur le site AMAZON : "Priscilla et Aquilas, un couple engagé" - C'est une "adaptation" du récit biblique : Actes 18 à 20