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"Je suis Paris" (23-11-2015)
Un de mes petits fils s'est étonné que je n'ai rien écrit sur les événements dramatiques de ces derniers jours. Alors voici quelques réflexions sur ...le mal. J'hésite à mettre une majuscule. Que penser de ces horreurs ? Dans les attentats de janvier à Paris, il y avait des cibles précises : le journal jugé "blasphémateur" et les Juifs. Mais ces jours -ci, bien que le choix des cibles n'était pas anodin, il s'agissait de frapper à l'aveuglette, de faire le plus de morts possible et susciter la peur chez les Fançais. Jamais on ne voit ça dans le monde animal. Certes on y voit bien des horreurs, des massacres, des tortures mêmes (le chat et la souris !) mais il y a toujours, à ma connaissance, une motivation précise : il faut vivre, il faut manger, il faut défendre sa progéniture, son territoire, favoriser, même si c'est inconscient, la reproduction de l'espèce, et le jeu lui même prépare à ces actions... Rien de tout cela dans les actes barbares des terroristes. Ils sont "gratuits", purement "méchants", dans le but global de détruire les valeurs occidentales et tout ce qui précède la naissance de l'Islam.
Il me semble que, même si l'on ne croit pas en un Dieu, il est impossible de faire l'économie d'une "puissance" du mal, pour reprendre un des termes de l'apôtre Paul. Selon les temps, les lieux et les religions, on lui donne des noms différents, voire on la personnifie. Je rappelle que dans la Bible les mots satan et diable sont des noms communs, avec un article. On peut traduire en gros : l'adversaire, le diviseur... Je n'entrerai pas dans cette problématique, où je me sens plutôt "agnostique" (ça existe, mais je ne peux le connaître). Bref cette "puissance" est bien présente et agissante. Même en nous n'est-ce pas ? Alors : est-ce la seule "puissance" agissant dans notre monde ? Ou bien y a t-il aussi une force du bien, du beau, de l'amour, qui lui serait opposée ? Il ne faut pas tomber dans un dualisme primaire, ou dans le "manichéisme" (comme les américains au temps de Bush et sans doute aussi encore aujourd'hui pour beaucoup...). En tous cas cette notion est étrangère à la Bible, du début à la fin (elle provient pour une bonne part de la religion perse précédant notre ère).
Le message chrétien est clair : Le Dieu de la Bible, le Créateur, est aussi, et principalement, le Sauveur. Certes les Hébreux l'ont d'abord perçu comme un dieu guerrier, comme tous les autres, ceux des nations païennes environnantes, c'est pourquoi il y a tant de textes un peu révoltants dans le Premier Testament. Mais le Dieu biblique s'est fait connaître, s'est "révélé", d'abord dans les intuitions inspirées des "prophètes", puis de façon totalement originale et spécifique : par l'amour, incarné dans un homme, précisément au sein de ce peuple qui peu à peu avait discerné son unicité et son action salvatrice. Cet homme, Jésus, a prononcé des paroles remarquables, a donné des signes d'amour et de paix manifestant ce qu'est véritablement le Dieu qu'il incarnait et qu'il nommait son "Père": la vie, l'amour, la réconcilation, la paix, la joie... Et sa vie offerte a pris fin tragiquement, dans la crucifixion par les romains, sur dénonciation de certains responsables de son propre peuple. Les chrétiens croient que Dieu l'a ressuscité, sur le témoignage des ses disciples et de l'essor rapide des premières communautés, et sous l'inspiration de l'Esprit saint. Ces faits proclament la victoire du Dieu de la Bible sur les puissances de mal et de mort, qu'Il a affrontées en face, et vaincues. Mais comme dit l'Apocalypse (= la "Révélation"), l'Adversaire, potentiellement vaincu, est détrôné et "précipité sur la terre, animé d'une grande fureur, sachant qu'il lui reste peu de temps" (Apoc. 12, 12). Nous sommes, depuis Pâques, dans ce "temps de la fin".
Pardonnez-moi ce paragraphe un peu théologique : c'est ce que je crois. Nous venons donc d'en avoir une terrible démonstration, à la fois dans l'horreur du mal, mais aussi dans la grandeur, la beauté, la force de l'amour et de la solidarité qui se sont alors manifestés. Dans ce temps de "l'Avent", l'espérance nous est rappelée et donnée : à Noël, Dieu vient vivre notre humanité, de la naissance à la mort. Beaucoup de musulmans le fêtent aussi, ne l'oublions pas : évitons plus que jamais les amalgames dangereux ! Un mot pour terminer : au Bataclan, le chant entamé au moment de l'attaque des terroristes était : "embrasse le diable...". Troublante coïncidence ! Que la Paix de Noël nous soit donnée et redonnée !
...lumière dans les ténèbres !